La grève des trains et des métros ainsi que le petit crachin hivernal auraient pu en rebuter plus d'un. Pourtant, près de 800 professionnels se sont pressés, mardi 10 décembre à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, à Paris (6e), pour assister à la remise des premiers Trophées de l'édition, animée par le rédacteur en chef de Livres Hebdo, Fabrice Piault, et la comédienne Aure Atika. Initiés par Livres Hebdo dans la lignée du Grand prix des bibliothèques, lancé il y a dix ans, et du Grand prix des librairies, inaugurés en juin dernier, ces « Césars du livre », ainsi qu'ils ont été qualifiés en ouverture de la cérémonie, ont d'emblée suscité un fort enthousiasme. Nous avons reçu près de 200 dossiers venus de 110 éditeurs postulant à l'un ou plusieurs des dix trophées qui distinguent tous les métiers de l'édition. De nombreux sponsors (voir ci-contre) nous ont accompagné dès ce lancement.
Le jury des Trophées était composé de personnalités du monde du livre (éditeurs, libraire, bibliothécaire) et des industries culturelles (musique, théâtre, cinéma...). Sous la présidence de Denis Olivennes, les douze jurés - autant d'hommes que de femmes - ont débattu, se sont passionnés jusqu'à retourner certains votes avant de déboucher sur un palmarès qui témoigne de la grande diversité de l'édition et la capacité d'innovation des petits comme des grands, des éditeurs littéraires comme spécialisés. Ils ont été particulièrement sensible aux dossiers les plus incarnés, ceux dans lesquels se percevait l'âme d'une maison et l'engagement de toute une équipe derrière un projet. C'est ce qu'a illustré Sophie Lajeunesse, la directrice du domaine français des Presses de la cité, montée sur scène pour recevoir le trophée de valorisation du fonds avec une dizaine de personnes de la chef de fabrication au directeur commercial en passant par l'illustrateur, Loustal, et même l'ayant droit de Georges Simenon, John Simenon.
Les secteurs de la jeunesse et de la bande dessinée se sont démarqués parmi les dossiers des postulants par leur créativité, mais aussi par leur capacité à toucher un lectorat au-delà de leur public naturel. Et si le numérique et les réseaux sociaux sont sources d'innovations, les Trophées ont montré la part d'inventivité qui subsiste sur le livre dans son essence, le fonds, la diffusion des idées, la rencontre avec le public et les passeurs du livre que sont les libraires.
La cérémonie a d'ailleurs pris une teinte politique avec le discours de Frédéric Martin, fondateur du Tripode, sacré petite maison d'édition de l'année. Il a rappelé que le Tripode ne pourrait exister ailleurs qu'en France, où il est porté par le réseau des librairies et le prix unique du livre. Couronné, avec Cécile Pournin, éditeur de l'année, Ahmed Agne a renchéri en rappelant que la réussite d'AC Media est « un succès français », rendu possible par cette « volonté politique » de soutien à toute une chaîne du livre.