N'exagérons pas. La mort du livre ! Dieu merci, il en a vu d'autres. Un bien « de première nécessité » ? Peut-être, mais comme d'autres. Disons que la lecture est un bien essentiel, mais qu'elle peut se passer de l'achat de livres. 1,5 point de TVA, ça doit pouvoir s'arranger, si la solidarité en dépend. On nous promet en contrepartie une baisse du taux sur le livre numérique. Adjugé, c'est bon à prendre, et nous étions nombreux à penser que c'était une mesure... de première nécessité - ou plutôt de première urgence - pour donner quelque chance à ce nouveau marché. Mais ne transformons pas une mesure pertinente en un marché de dupes : la baisse de la TVA sur le numérique pour consoler de la hausse sur le papier ? Le dernier bilan publié par Livres Hebdo indique un chiffre d'affaires du marché de l'édition de 2,838 milliards d'euros et un chiffre d'affaires de l'édition numérique de 52,935 millions : la hausse de la TVA sur le papier ne saurait être mise en regard de celle qui porte sur le numérique. En revanche, évaluer les effets de la hausse de la TVA sur les comportements est crucial. Côté consommateurs, à supposer qu'ils soient amenés à supporter la totalité ou une partie seulement de la mesure, on peut faire l'hypothèse que la hausse est assez faible pour n'infléchir qu'à la marge les comportements. Côté éditeurs, à supposer qu'ils acceptent d'en supporter une part, des péréquations sont possibles. Certains livres supportant seuls l'effet TVA. Question de stratégie industrialo-culturelle ! Reste à inventer l'accompagnement. La première mesure touche les libraires. Il faut les protéger et les aider, et cela pour toutes les raisons qu'on peut invoquer, dont la première : jusqu'à nouvel ordre, le marché du livre en France demeure un marché de libraires. Le débat sur la TVA est une occasion de prendre des mesures qui s'imposent. Un exemple : faire mieux se répandre, à la veille de successions de librairies emblématiques et de moins grandes mais dont l'importance est cruciale, une prise en charge partielle des loyers. Doit-on aller jusqu'à permettre à la chaine du livre de restituer la probable augmentation des prix en autorisant à titre exceptionnel un discount de 6% au lieu de 5%, quitte à bousculer (et amender) la loi ? J'en vois déjà frémir, mais toutes les propositions méritent d'être regardées.
15.10 2013

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