16 mars > Premier roman Etats-Unis

On se construit tous à partir d’une histoire familiale. Celle de Karim Dimechkie débute au Liban, mais il est le premier des siens à naître aux Etats-Unis. Enseignant l’anglais à Paris, il retourne dans son pays pour étudier la littérature. Une matière qui l’encourage à publier des nouvelles, puis un roman imprégné par la question de l’identité.

On y voit grandir Max, un gamin attachant, très lié à son père Rasheed. Ce dernier tend à "effacer son passé de manière si complète" que l’enfant "ne songeait pas à l’interroger". Il sait pourtant que sa mère a été tuée au Liban, lors d’un cambriolage qui a mal tourné. Mais cette blessure semble si béante qu’il préfère ne pas y songer. Lui qui se sent si américain se heurte aux contradictions de son père, estimant que "nous sommes des individus, pas des pays". Pourquoi cet homme, à l’accent prononcé, est-il alors si complexé et raciste ? Surprotecteur envers sa progéniture, il lui construit une famille d’amis à la "Little Miss Sunshine".

Bientôt, un élément majeur complète le tableau : la troublante Kelly. Elle s’introduit dans leur vie et entrouvre, peu à peu, les yeux de Max. Il comprend à 17 ans que son existence repose sur un leurre "super-triste. Ton véritable nom est Hakeem. Ça veut dire sage ou intelligent." A partir de quand un mensonge est-il destructeur ? Peut-il être justifié ? Pour en avoir le cœur net, le héros part en quête de ses racines. Jusqu’alors, le Liban rimait avec la guerre, "des clans militarisés et un ciel sillonné de missiles". Son père ne lui avait-il pas dit que "tant de pays veulent faire renaître le chaos" ? Pour l’instant, celui-ci se situe dans la tête et le corps de Max, qui a découvert la sexualité. Il arrive donc à Beyrouth dans un état de fébrilité. Va-t-il y trouver les traces de sa mère ?

Karim Dimechkie compose avec tendresse et sincérité un joli roman initiatique.

Kerenn Elkaïm

04.03 2016

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