2 FÉVRIER - ROMAN Etats-Unis

A New York, cette année-là, personne ne peut échapper à Blade par Blade. Un livre à la couverture jaune devenu un véritable best-seller en un rien de temps. Il s'agit là des prétendus Mémoires d'un certain Blade Markham, de ses confessions aguicheuses et outrancières. Pour Ian Minot, le héros des Voleurs de Manhattan, ledit Blade n'est pourtant qu'un voyou en toc qui fleure bon l'imposture.

Minot n'est certes pas très objectif. Il écrit lui aussi et n'arrive pas à faire publier ses nouvelles. Serveur au Morningside Coffee pour gagner sa vie, monsieur habite une mansarde à West Harlem. Sa petite amie roumaine, Anya Petrescu, a plus de chance que lui. Son recueil de nouvelles intitulé Jamais nous n'avons parlé de Ceauscescu, son physique avenant et son charmant accent l'aident nettement à percer. A se faire remarquer dans les soirées littéraires où se pressent les agents et les aspirants à la gloire.

Au fond du trou, Ian Minot croise la route d'un « Homme Confiant" qui laisse de généreux pourboires. Il s'appelle Jed Roth, a été éditeur chez Merrill Books. Lui non plus ne croit pas au talent de Markham. Roth a également un manuscrit en souffrance, Un voleur à Manhattan, dont personne n'a voulu. Il porte un terrible regard sur l'édition, une profession selon lui "mue par la peur, préoccupée davantage par sa survie que par ses contributions à l'avenir, incapable de se tendre vers son idéal"... Le talentueux Adam Langer débarque dans la collection "Americana" que pilote Philippe Beyvin chez Gallmeister avec un opus irrésistible.

Roman brillant et efficace où les cocktails sont des "fitzerald" et des "faulkner", où un "portnoy" désigne l'attribut masculin, Les voleurs de Manhattan mélange très habilement les genres. En creux, derrière une intrigue parfaitement nouée, on pourra y voir une réflexion pertinente sur le monde d'aujourd'hui. Sur l'honnêteté et les fausses valeurs.

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