12 février > Roman Royaume-Uni

Erotomane, panier percé, alcoolique, avare de son talent, d’un égoïsme qui n’a d’égal que son cynisme, Kennedy Marr a tout pour plaire. C’est-à-dire, pour Hollywood où il exerce ses talents stipendiés de scénariste, de l’esprit et des dettes. Et le scénario qu’il vient d’accepter pour la jeune actrice la plus "hype" du moment, "une pute cocaïne dotée d’un QI d’huître qui, à ses débuts, n’aurait pas hésité à gang-banger une décharge entière de clodos pour décrocher un second rôle muet dans une pub pour des tampons hygiéniques", risque de ne pas suffire à rembourser le million de dollars qu’il doit à l’administration fiscale… En revanche, le prix littéraire prestigieux et richement doté que vient de lui attribuer, faisant fi de sa déplorable réputation, une université britannique pourrait faire mieux qu’y contribuer. Problème, cela l’oblige à enseigner un an dans ladite université, aux côtés de son ex-femme et tout près de sa fille qu’il n’a jamais reconnue autrement qu’à l’état-civil… La quarantaine bien sonnée (comme peut l’être le glas), Kennedy va-t-il enfin accepter de devenir un grand garçon ?

On n’est pas près d’oublier ce Kennedy, cet homme sans qualités, héros d’Enfant terrible, le premier roman traduit en français de l’Ecossais John Niven. Visiblement, Niven sait de quoi il parle et d’où il écrit. Son livre tient à la fois, en plus allègrement désespéré, du Qu’est-ce qui fait courir Sammy ? de Budd Schulberg et des derniers romans de Bret Easton Ellis. Bien entendu, comme tout ce qui touche à "l’usine à rêves", c’est en même temps une satire et un documentaire. Il n’est pas interdit d’en rire puisque, somme toute, c’est à pleurer. O. M.

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