15 OCTOBRE - HISTOIRE Allemagne

Romans de formation. C'est ainsi qu'on appelait au XVIIIe siècle ces récits d'apprentissage de la vie. Les Allemands leur avaient donné le nom de Bildungsroman. On y voyait un jeune homme, souvent pauvre, s'élever par la fréquentation des arts et des livres. Les années de jeunesse de Heinrich Stilling entre dans cette catégorie. Mais il s'y trouve quelque chose de plus : le style. Pour cette première traduction française, Yves Wattenberg a su conserver la poésie un peu naïve de cet auteur surgi de l'oubli pour nous raconter un monde lui aussi oublié. Celui des petites gens.

Ça se passe en Westphalie dans les années 1750. Johann Heinrich Jung-Stilling (1740-1817), ami de Goethe, raconte sa vie à la troisième personne comme s'il décrivait une histoire qui n'était pas que la sienne, comme s'il regardait un paysage mélancolique de Caspar David Friedrich. "De temps à autre, Stilling trouvait une petite heure qu'il pouvait employer à lire, et il croyait savourer encore un lointain arrière-goût de temps bénis et disparus, mais ce n'était qu'un plaisir fugitif."

Il parle de son père tailleur puis de lui, devenu maître d'école renommé dont l'ascension fut difficile. De village en village, il sème un savoir qu'il veut gai et généreux comme cette nature qu'il décrit abondamment.

A cette époque des génies romantiques, ce garçon silencieux (still en allemand...) apparaît comme un coeur pur et une âme candide. Il a le sens des nuances psychologiques. Son éducation piétiste lui fait rechercher les sensations du beau et se rapprocher du peuple. On lit Homère dans les campagnes et on veut faire connaître cette beauté à tous.

Jung-Stilling exprime les joies et les peines d'un apprenti intellectuel sans fortune qui veut bâtir son existence. C'est surtout l'histoire d'un homme à la recherche de ses mouvements intimes, un homme qui veut savoir quoi faire de sa liberté. On comprend pourquoi Nietzsche classait cette autobiographie parue en 1778 parmi des chefs-d'oeuvre.

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