Le Hongrois Antal Szerb (1901-1945) avait déjà enchanté les lecteurs français. Lorsque les excellentes éditions Alinéa donnaient à lire dans les années 1990 deux de ses livres : Le voyageur et le clair de lune (1937) et La légende de Pendragon (1934). Le premier reparaît aujourd'hui chez Viviane Hamy. Laquelle a la bonne idée de proposer également la traduction d'un roman inédit, Oliver VII, rédigé en 1942.
L'occasion de partir pour une petite visite dans la romantique Alturie. Un royaume, où l'on produit du vin rouge et des sardines, dont le souverain est Oliver VII. Un monarque de 24 ans, à la nature rêveuse et au manque de sérieux manifeste. Il s'en passe de belles en Alturie. Certes Oliver VII est sur le point d'épouser sa fiancée, la princesse Ortrud, une Nordlandaise. Mais surtout, la révolte gronde. Des insurgés cherchent même à faire abdiquer le roi afin que son oncle Geront, prince d'Algarthe que l'on dit fort délabré pour son âge, lui succède sur le trône.
Le peintre Sandoval, lui, se trouve au coeur d'un stratagème visant à éloigner de la capitale un grand intendant de la cour. Le comte d'Antas qui, bien que marié, a le plus grand mal à résister aux charmes d'une jeune danseuse, tout en redoutant d'être surpris par son épouse... Marivaudage fantasque et totalement intemporel sur l'amour et le pouvoir, Oliver VII dévoile une autre facette du talent d'Antal Szerb. Celle d'un maître de l'humour qui n'en oublie pas moins de porter un regard social sur le monde qu'il décrit avec la plus savoureuse des plumes.