C’est à un voyage auquel nous convient l’écrivain Marc Lambron et l’historien Jean-Philippe Dumas, conservateur en chef aux archives du ministère des Affaires étrangères, où il est responsable du fonds photographique.
L’ouvrage court sur près d’un siècle, avec l’accent mis sur la deuxième moitié du XIXe siècle et les débuts du XXe, qui marquèrent l’apogée de la technique photographique et celle du dynamisme de la diplomatie française. Il est divisé en cinq sections géographiques : Europe, Orient, Afrique, Extrême-Orient, Amérique. C’est un kaléidoscope de lieux, de peuples, de scènes de la vie quotidienne ou mondaine, de drames aussi, photos prises pour la plupart par les diplomates français.
Parmi tant d’autres, on retiendra l’ouverture du canal de Suez, en 1869, avec une photo anonyme qui a inspiré Laurent Fabius dans sa préface, un symbole d’"ouverture sur le monde". Ou encore les prises de vue d’Emile Gsell à Angkor, lors de la mission d’exploration au Cambodge de 1866. En 1863, le jeune Norodom Ier avait placé son royaume sous la tutelle française. Il a eu droit à son portrait en majesté par Gsell.
Le livre réserve une place de choix à nos écrivains-diplomates, une spécificité française depuis le cardinal de Bernis, Chateaubriand ou Stendhal, qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours, et un double statut qu’illustrèrent Claudel, Giraudoux, Morand ou Alexis Leger alias Saint-John Perse. Et même Pierre Loti, émissaire "secret" de plusieurs grands ministres des Affaires étrangères de ses amis, présent dans ce livre, mais son rôle n’y est pas expliqué.
A l’heure où la diplomatie est devenue un exercice à hauts risques, cette célébration du rayonnement de la diplomatie nationale est une entreprise importante. Et pas seulement nostalgique.
J.-C. P.