L'Inspection Générale des Bibliothèques vient de publier un rapport sur les métiers qui signe un tournant conceptuel majeur et que l'on doit applaudir. Dire que le bibliothécaire devra, de plus en plus, faire de la médiation et se préoccuper des usages est devenu assez banal. Mais, franchir le pas jusqu'à écrire que «  le centre de gravité se déplace des collections vers le public  », que l'on doit s'orienter vers «  la production de contenus  » en direction de «  publics cibles  » et que le triptyque «  mixité des métiers  », «  externalisation  » et «  expertise  » doit s'imposer relève d'une tout autre audace de la part d'une telle autorité. C'est d'un véritable basculement dont il est question. D'autant que les inspecteurs ont la subtilité de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Ils opèrent par hybridation et glissements progressifs. Ainsi, les collections physiques gardent toute leur pertinence, à condition, cependant, d'en assurer une «  valorisation collective  », autrement dit de les considérer comme les interfaces dynamiques et vivantes d'une connaissance en acte. Autre exemple, le catalogage oui, à condition qu'il se hausse au niveau des nouvelles exigences du web sémantique et se coule intelligemment dans le flux de données. Moyennant quoi les bibliothèques peuvent avoir encore un bel avenir dans une société de la connaissance guettée par le relativisme. Les implications statutaires de ces orientations vont loin. Et encore le rapport n'en épuise-t-il pas toutes les conséquences. Espérons qu'à un moment où la tentation est grande de réduire le rôle des bibliothèques à la conservation du patrimoine ou à la fourniture d'espaces de travail et de vie commune, ce rapport suscite une nouvelle pensée de la bibliothèque comme opérateur de connaissance.
15.10 2013

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