Un travail politique pour les libraires

Gibert Joseph, rue Pierre-Sarrazin à Paris. - Photo Olivier Dion

Un travail politique pour les libraires

La place des libraires dans le scolaire sera un enjeu des prochaines élections régionales pour le SLF.

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Par Hervé Hugueny
avec Créé le 15.04.2015 à 20h04 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

La place des libraires dans la diffusion des manuels numériques est encore à définir. "C’est toujours très expérimental, les éditeurs sont maintenant ouverts sur ce point, mais rien n’est homogène sur les conditions commerciales ou techniques entre Hachette, Editis, les différents établissements", résume Matthieu de Montchalin, président du Syndicat de la librairie française et patron de L’Armitière à Rouen. "Microsoft a approché les responsables de la Seine-Maritime, pour leur proposer ses tablettes. Le département n’a pas donné suite", raconte-t-il, en notant avec satisfaction que les élus locaux l’ont consulté. "Le libraire a un contact que les éditeurs n’ont pas. Il faut l’entretenir, c’est un enjeu important pour les prochaines élections régionales", insiste-t-il. Le financement des achats de manuels pour les lycéens a en effet grandement modifié l’économie du marché scolaire en France depuis sa généralisation à partir de 2005.

Pour le moment, la solution proposée par les plateformes de distribution repose sur un système centralisé. "Le libraire prend la commande auprès de l’établissement, la transmet à la plateforme qui la traite en ouvrant les droits d’accès et en mettant à la disposition des utilisateurs les identifiants et les liens permettant de consulter les contenus achetés", explique Guillaume Scottez, responsable du numérique scolaire d’Hachette Livre, et directeur du Kiosque numérique de l’éducation (KNE), la plateforme du groupe. Cette solution répond à la demande des collèges ou des lycées qui pratiquent les achats groupés de manuels et qui ne veulent qu’un seul interlocuteur, mais elle ne favorise pas la répartition des ventes, naturelle lorsque les familles reçoivent une dotation et restent libres de l’employer dans la librairie de leur choix. La vente aux familles de manuels sous forme d’applications pour tablettes ou PC que les éditeurs commencent à tester cette rentrée passe aussi par les plateformes KNE, ou Canal numérique des savoirs (CNS) pour Editis.

"Nous sommes encore loin d’un marché structuré, et tous les appels d’offres numériques ont échoué jusqu’à maintenant", remarque Frédéric Fritsch, directeur général de la librairie de l’Education (LDE), devenue un des premiers adjudicataires spécialisés dans le scolaire.

Des défis surmontables.

Matthieu de Montchalin veut s’inspirer de l’expérience menée avec le projet Prêt numérique en bibliothèque, "qui peut s’étendre à la diffusion de licences de manuels scolaires", estime-t-il. "Les défis techniques posés par l’intégration des libraires sur les plateformes numériques scolaires sont parfaitement surmontables", ajoute Julien Llanas, directeur des opérations d’Edulib, système d’édition de manuels numériques. "Mais il faut que le volume du marché justifie un investissement dans ces solutions techniques qui consistent à coupler les distributions papier et numérique, avec la gestion conjointe des références. Et si le manuel évolue vers un éclatement des contenus, les libraires pourraient envisager de s’adapter à la vente de logiciels", prévoit-il. <
15.04 2015

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