Remarqué pour Des ailes au loin (Elyzad, 2018), un premier roman inspiré par les femmes de sa famille d'origine libano-palestinienne, récompensé par le Grand Prix du roman Métis, Jadd Hilal, 33 ans, professeur de lettres en lycée et chargé d'enseignement à La Sorbonne-Nouvelle à Paris, a peut-être été influencé par sa proximité avec des très jeunes gens pour donner forme à son deuxième livre : un conte contemporain de guerre et d'apprentissage où, plongé dans un conflit sans explications, un enfant franchit une série d'épreuves pour grandir.

Dans un village d'Orient, Adel ne manque de rien sauf de vrais amis. Heureusement son imagination lui offre deux compagnons : Darwin, un scarabée géant, et Tardigrade, un autre insecte fantastique. Quand le village s'embrase, Adel, brutalement livré à lui-même, fuit et se retrouve prisonnier des « Chabab-el-Sahra » « les combattants du désert » opposés aux « Chabab-el-Tilal » les « combattants des dunes ». Soupçonné de complicité avec l'ennemi, l'innocent garçon va devoir conquérir la confiance du cheikh qui dirige cette armée qui n'en est pas une, un homme désespéré de devoir encadrer des hommes indisciplinés et sans cause. « La guerre est une affaire d'enfants, de petits garçons crédules. De petits garçons qui se prennent pour des héros quand ils tirent avec leur bout de bois comme avec un pistolet, enfoncent des pétards dans les fourmilières, chuchotent des plans sous les tables et se penchent dans le vide au sommet des arbres », confie ce chef aussi amer que philosophe à son jeune otage. Penser par soi-même pour résister à la manipulation et l'embrigadement, telle est l'une des morales du conte, autrement formulée par l'auteure Christiane Baroche dans cette phrase tirée de L'Homme de cendres, placée en exergue au milieu du livre : « Quitte à devenir le vassal que la vie parfois nous oblige d'être, choisit ton maître ».