Comment faire parler des bibliothèques en France ? Demandez à Patrick Weil. Le très efficace président de l’association Bibliothèques sans frontières (BSF) a fait un malheur en lançant le 9 janvier une pétition réclamant l’élargissement des horaires des bibliothèques en France. Ce thème, pourtant pas vraiment neuf, a soulevé une mobilisation sans précédent. Mercredi dernier, lors d’une conférence de presse, Patrick Weil a pu s’enorgueillir d’avoir récolté plus de 11 000 signatures et d’avoir fait des bibliothèques un enjeu des élections municipales.
Il est vrai qu’en France l’amplitude horaire des bibliothèques publiques est le plus souvent indigente et rarement compatible avec les horaires de bureau classiques.
Sans être dupe de la part de démagogie qui conduit certains à signer d’une main la pétition alors qu’ils ont, de l’autre, réduit les budgets des bibliothèques, on ne peut que se réjouir, avec Dominique Arot, inspecteur général des bibliothèques et auteur d’un rapport sur la question, de la "bonne nouvelle" que représente cet engouement. Il montre, nous dit-il, que les bibliothèques sont considérées "comme des services de base" et qu’elles sont à ce titre "un enjeu de la politique publique".
Depuis cinq ans, Livres Hebdo mène le même combat avec son grand prix des Bibliothèques francophones dont la vocation est de couronner les établissements qui cherchent à s’adapter aux besoins et aux modes de vie de leur bassin de population. Ainsi, dès la première année, en 2010, son jury, présidé par Anna Gavalda, avait donné son grand prix à la médiathèque de Béziers, justement parce qu’elle avait su s’organiser pour ouvrir tous les dimanches après-midi.
Espérons que l’initiative de Patrick Weil créera un électrochoc qui convaincra les pouvoirs publics de la nécessité d’accorder suffisamment de moyens aux bibliothèques pour éviter qu’elles ne connaissent le sort des bibliothèques britanniques qui ferment les unes après les autres. Après les librairies.