L'introduction, dans le nouveau plan de rigueur gouvernemental, d'une hausse de la TVA sur le livre (voir
notre actualité du 7 novembre), a un peu éclipsé cette semaine l'imminente entrée en application de la loi sur le prix unique du livre numérique. Dans l'édition du 11 novembre de
Livres Hebdo, livrée exceptionnellement dès jeudi 10 novembre, le président du SNE,
Antoine Gallimard, souligne que, au moment où la loi sur le prix unique du livre numérique va entrer en application, cette mesure est en contraction avec les efforts des pouvoirs publics pour doter le secteur du livre d'un régime législatif homogène entre le livre papier et le livre numérique.
De nombreux professionnels s'insurgent par ailleurs contre ce facteur de renchérissement du livre à un moment où l'ensemble de la filière est fragilisée sous le double effet de l'essor du numérique et de la baisse du pouvoir d'achat.
Le président du Syndicat de la librairie française,
Matthieu de Montchalin, a réagi auprès de
de
Livres Hebdo, le 8 novembre, en appellant à une mobilisation de tous les libraires : “
Ce n'est pas une bonne nouvelle pour notre secteur d'activité qui souffre déjà. Nous sommes conscients d'être dans un cadre national où des efforts vont être demandés à un nombre important de branches, la librairie n'est pas ciblée. Mais nous allons nous mobiliser et demander aux parlementaires et au gouvernement d'examiner le cas spécifique du livre. Si la hausse de TVA ne pouvait être évitée, le SLF appellera à des discussions rapides avec le SNE et le ministère de la Culture sur les modalités d'application. Il est de la responsabilité des éditeurs d'augmenter le prix de vente public TTC à due concurrence de l'augmentation de la TVA afin que la répercussion sur la librairie soit la plus faible possible. Si les éditeurs avaient l'idée folle de baisser le prix hors taxes, ils feraient supporter cette hausse par la librairie.”
Le
Syndicat national de l'édition pointe de son côté dans un communiqué la faible portée de cette mesure sur la dette nationale : “
L'effort de solidarité nationale demandé à la chaîne du livre, estimé à une soixantaine de millions d'euros, semble sans commune mesure avec la situation actuelle du marché du livre et avec l'enjeu de la diversité et de la démocratisation culturelle qui a présidé, depuis plus de 30 ans, à l'application d'un taux réduit à ce support essentiel de l'éducation et de la vie culturelle et politique.”
Premier à réagir,
Vincent Monadé, directeur du Motif, observatoire du livre et de l'écrit en Ile-de-France, explique sur son blog que la mesure risque de tuer la librairie indépendante : “
Le gouvernement qui a mis en place le label LIR et qui promeut la loi PULN pour sauver, soi-disant, les libraires, vient de mettre dans le barillet la balle destinée à les tuer : en augmentant la TVA sur le livre, en la portant à 7 %, il met encore plus en danger la librairie indépendante.”
Pour
Alexandre Bompard, P-DG de la Fnac, interviewé sur RTL, la hausse de la TVA “
est un élément de menace qui vient s'ajouter à d'autres éléments de menace liés notamment à l'hégémonie d'un certain nombre d'acteurs nord-américains. [...] Je plaide pour que nous ayons une équité concurrentielle avec les acteurs nord-américains qui sont situés au Luxembourg, qu'on ait les mêmes taux de TVA, qu'on ait les mêmes taux de TVA sur le livre numérique.”
La
Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill), dans un communiqué le 7 novembre, enfonce le clou : “
La décision [...] nie le récent constat de la nécessité de mesures fortes à destination des libraires par les pouvoirs publics et empêcherait les dispositions prises par des éditeurs soucieux de sauver le réseau des libraires, garant de leur propre avenir et de celui de la création.”