2 mai > Histoire- Géographie France

Depuis sa fondation, en 753 av. J.-C., par Romulus - qui, à l’aide de sa charrue, traça et délimita le pomerium, l’espace sacré qui constitua, durant des siècles, le cœur même de la cité -, Rome n’a jamais cessé de vivre, de se construire, de croître, en dépit de périodes de décadence, de guerres et d’invasions, et de régner sur le monde. Anomalie urbanistique dès l’Antiquité, avec son site marécageux et inhospitalier, occupé dès l’âge du bronze, ces sept collines (plus, en fait) qui empêchèrent toujours qu’on lui applique le plan hippodaméen géométrique et normé que les Romains utilisèrent pourtant partout ailleurs dans l’empire, la Ville est devenue - et demeurée - « le centre magique de l’Occident », avec sa configuration unique de beauté, de richesse artistique, de pouvoirs temporel et spirituel. C’est la seule ville du globe à être capitale de deux Etats : l’Italie depuis le Risorgimento, en 1871, et le Vatican depuis 1929, date des accords du Latran et du cadeau territorial de Mussolini à la papauté, et à abriter le siège de la religion catholique.

Choisissant le déroulé chronologique, le géographe Aurélien Delpirou et son équipe guident le lecteur tout au long de cette histoire et mettent en lumière les métamorphoses qu’elle a laissées in situ, le sol de Rome ressemblant à un mille-feuille où les civilisations se sont empilées, leurs édifices (intacts, en ruines ou supposés) se télescopant dans un chaos réjouissant et, in fine, matrice d’une harmonie unique. Contrairement à une idée reçue, Rome n’a jamais été une ville figée : elle a connu une croissance continue. En un siècle, de 1871 à l’époque contemporaine, la surface de son espace urbanisé a été multipliée par 50, sa population par 13. L’Urbs d’aujourd’hui compte, intra muros, 2 millions d’habitants - soit autant que Paris -, et 14 millions avec son agglomération. Certes, le niveau des équipements collectifs, des transports, n’est pas comparable, mais Rome n’est plus la « belle endormie » que certains dépeignaient complaisamment. Dans le domaine culturel, éditorial par exemple, elle est à la pointe, la plus créative de toute la péninsule. Un locus idoneus, comme disaient les stratèges romains. En « globish » : the place to be. J.-C. P.

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