Sélection de Noël dans la librairie Comme un roman, à Paris- Photo LAURENT SAZY

Ouf ! C'est le soulagement qui domine au terme d'un mois de décembre que la plupart des libraires jugent correct, et même, pour certains, très satisfaisant. C'est une excellente surprise, qui vient opportunément doper un moral jusqu'ici en berne. "C'était super, lance Nathalie Iris (Les Mots en marge à La Garenne-Colombes). A partir du 15 décembre, c'est allé crescendo sans discontinuer jusqu'au 24." Beaucoup évoquent en effet un démarrage des ventes assez lent et souvent une activité erratique et imprévisible tout au long du mois, avec notamment une journée record, non pas le 24, mais le 23. Les libraires ont été heureux de constater que l'activité des derniers jours leur permettait de rattraper le chiffre d'affaires manquant et de finir décembre souvent en positif. L'inquiétude était grande après plusieurs mois de baisse qui ont culminé en novembre avec, selon nos données Livres Hebdo/I + C, un recul d'ensemble de 4,5 % (voir p. 39). Par simple effet calendaire, la comparaison avec décembre 2010 s'annonçait favorable avec deux samedis supplémentaires. D'autant que les intempéries avaient handicapé l'ensemble des commerces.

LES RÉSULTATS SONT LÀ

Vitrine de fête au Préau, à Metz- Photo DR

Au-delà des comparaisons, les résultats sont là et certains libraires ont même battu des records : "C'est, en termes de chiffre d'affaires, le meilleur mois de la librairie depuis sa création il y a 18 ans", se félicite Jean-Bernard Doumène (L'Autre Rive à Nancy). Tendance également très positive au sein de La Friche (Paris 11e) qui, selon Manuel Huriot, "a battu le 23 décembre son dernier record de chiffre d'affaires, qui avait été atteint l'an dernier". Bien sûr, tous les libraires ne sont pas aussi enthousiastes. Mais beaucoup estiment avoir "réussi à sauver les meubles".

Sans donner aucun chiffre ni aucune tendance, Marie-Séverine Micaleff, directrice du livre de la Fnac, observe que "le livre a confirmé être une valeur refuge, un cadeau que l'on offre volontiers... avec, en magasin, une tendance toujours croissante à la concentration des achats les derniers jours avant Noël".

GRÂCE À LA FRÉQUENTATION

"Je n'ai jamais fait autant de paquets cadeaux pour des livres de poche" PATRICK BOUSQUET, LIBRAIRIE NORDEST, PARIS- Photo O. DION

Globalement, les libraires attribuent leurs résultats satisfaisants essentiellement à la fréquentation de leurs magasins. De toute évidence, les consommateurs n'ont pas hésité à venir chercher des conseils en librairie. A La Rose des vents à Dreux, Frédérique Massot constate ainsi que parmi ses meilleures ventes figurent nombre de ses coups de coeur. Idem pour Nathalie Iris qui compte L'enfant rieur d'Henri Bauchau, son livre préféré, parmi ses très bonnes ventes. Les efforts d'animation ont eux aussi payé si l'on en croit Julie Even (Le Préau et La Cour des grands à Metz) qui a proposé en décembre un coin café, ou encore les libraires du Merle moqueur (Paris) qui ont tenu un marché de Noël dans leurs murs. "Si la fréquentation a été très importante, le panier moyen est en revanche resté stable", observe Emmanuelle Robillard (Mollat à Bordeaux), estimant que la nouvelle carte de fidélité du magasin, permettant une remise immédiate de 5 %, a joué favorablement. A côté de la hausse de fréquentation, beaucoup observent de même une érosion du panier moyen d'achat. "Je n'ai jamais fait autant de paquets cadeaux pour des livres de poche, souligne Patrick Bousquet (Nordest à Paris). Contrairement à l'habitude, les gens ne se sont jamais lâchés sur les achats."

Dans ce contexte, le rayon beaux livres a été quelque peu délaissé et l'offre éditoriale n'a pas réussi à inverser la tendance. Seuls les beaux livres à moins de 50 euros ont à peu près réussi à tirer leur épingle du jeu.

La fin d'année a aussi été difficile en sciences humaines, en particulier en histoire... au-delà même du contrecoup lié à l'absence du phénomène de l'an dernier, Indignez-vous ! de Stéphane Hessel.

A l'inverse, les secteurs jeunesse et surtout bandes dessinées ont particulièrement bien marché, aux dires de très nombreux libraires. Ce que Xavier Moni (Comme un roman à Paris) explique par l'offre non seulement porteuse mais aussi adaptée aux propositions des librairies généralistes, citant notamment Les ignorants d'Etienne Davodeau chez Futuropolis et Les chroniques de Jérusalem de Guy Delisle, chez Delcourt (voir p. 43).

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