C'est entendu, le football n'est pas nécessairement le sport qui se prête le mieux à l'exercice littéraire. Ce n'est pas la boxe, pas même le cyclisme. Pourtant ici et là des contre-exemples demeurent, notamment dès lors qu'est abordée la compétition suprême, la plus génératrice de mythes, la plus inscrite dans la grande Histoire et pourvoyeuse de petites, la Coupe du monde. C'est autour d'elle que s'organisent les deux plus beaux romans jamais écrits sur ce que le foot dit de nos vies : Le cours du jeu est bouleversé d'Eshkol Nevo (Gallimard, 2010) et L'homme seul de Bernardo Atxaga (Bourgois, 1995). Et c'est donc elle qui offre à la plus belle plume sportive de ce temps, Vincent Duluc, de faire rayonner son style autant que son érudition dans un Dictionnaire amoureux qui lui est tout entier consacré.
Duluc, lucide, rappelle qu'à l'aube d'une compétition qatarie dont les conditions d'organisation font légitimement grimacer jusqu'aux plus fervents amateurs de ballon rond, la Coupe ne s'est jamais embarrassée de cette sorte de préoccupations. Ni chez Mussolini en 1934, ni avec les généraux argentins en 1978, pas plus qu'avec Poutine il y a quatre ans... Seule la victoire est belle. Et puisque justement il s'agit avant tout de beauté, c'est ici la place de rappeler à la mémoire les grands « voleurs de feu », les magiciens Pelé, Platini, Maradona, Zidane... Alors, la question est peut-être moins de savoir ce que chacun a vu lors de ces Coupes du monde (des joueurs, des équipes, des stratégies, des tragédies...) que ce que le foot voit de nous. Un enfant éternel qui refuse de cesser de l'être ?
Dictionnaire amoureux de la Coupe du monde
Plon
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 26 € ; 544 p.
ISBN: 9782259312929