Avant-critique Dictionnaire

Jean-François Baillon, N.T. Binh, "Dictionnaire du cinéma britannique" (Vendémiaire)

The Queen Year : 2006 UK Director : Stephen Frears Helen Mirren Movie poster (USA) - The Queen - The Queen - Photo © Archives du 7e Art/Pathé Productions

Jean-François Baillon, N.T. Binh, "Dictionnaire du cinéma britannique" (Vendémiaire)

Des studios Ealing à James Bond, Ken Loach ou Derek Jarman, Jean-François Baillon et N. T. Binh signent un dictionnaire du 7e art britannique.

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Par Sean Rose
Créé le 26.04.2023 à 09h00 ,
Mis à jour le 26.04.2023 à 12h38

So British. Dans sa fameuse interview d'Hitchcock en 1962, François Truffaut lâchait devant le maître (pourtant né anglais) que « cinéma » et « Angleterre » sont incompatibles. Et Godard d'enfoncer le clou dans ses Histoire(s) du cinéma : « Les Anglais ont toujours fait ce qu'ils font toujours dans le cinéma, rien. » Si la critique hexagonale a pu mépriser le 7e art britannique, le public français n'a cessé de l'apprécier dans toute sa diversité : James Bond, les Monty Python, les comédies dramatiques à tonalité sociale comme Les Virtuoses de Mark Herman ou Moi, Daniel Blake de Ken Loach, plus upper class comme Quatre mariages et un enterrement de Mark Newell, voire des drames royaux comme The Queen de Stephen Frears.

Des films moins grand public trouvent encore leur public en France, d'ailleurs plus qu'outre-Manche : le cas des films du « peintre-cinéaste » Peter Greenaway, ou du très sombre Naked de Mike Leigh, dont l'humour grince des dents, à l'instar de son héros paumé errant dans le Londres des années Thatcher... Alors foin des anathèmes d'une certaine critique, ne boudons pas notre plaisir : paraît aux éditions Vendémiaire le Dictionnaire du cinéma britannique de Jean-François Baillon et N. T. Binh. Le premier enseigne la matière (études britanniques et cinéma) à l'université de Bordeaux ; le second, pas inconnu des cinéphiles, a signé ou dirigé une vingtaine d'ouvrages dont Typiquement British (avec Philippe Pilard, Centre Pompidou, 2000).

Par « cinéma britannique », qu'entend-on ? Un film tourné au Royaume-Uni ? Joué par des acteurs anglais ? Au thème britannique ? Un cocktail de tous ces critères : producteur, réalisateur, comédien, sujet. Ainsi, à côté des David Lean, Danny Boyle ou Sam Mendes, ont leur place le réalisateur d'Orange mécanique, Kubrick d'origine américaine, mais aussi Blow up réalisé par l'Italien Antonioni. Secrets et mensonges de Mike Leigh, une production française, a droit à son entrée. Of course, les acteurs : Alec Guinness, Maggie Smith, Emma Thompson... Les écrivains adaptés, parfois scénaristes, ne sont pas en reste : Harold Pinter, Hanif Kureishi, Nick Hornby... Des studios Ealing au Free Cinema ou à l'avant-gardiste Derek Jarman, c'est « vagabondage par écho et renvoi » autant érudit qu'amoureux. Spécialistes certes, Binh et Baillon sont surtout des amateurs, dans le sens plein de « celui qui aime ». Outre l'exactitude inhérente au travail lexicographique, ce qui préside à cet ouvrage est le goût. L'amour d'un cinéma singulier qui a su trouver sa voie entre divertissement et film d'auteur, où l'on ne rit jamais sans réfléchir un peu, et où le sérieux n'a de cesse qu'il se soit désamorcé lui-même par une touche d'humour.

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