"Il faudra assoir la rémunération sur d'autres formes de partage", prévoit Vincent Montagne, par ailleurs P-DG du groupe Média Participations, puissant dans l'édition de bande dessinée et de livres pour la jeunesse, et l'un des premiers à tester la diffusion numérique via des sites de lecture sur abonnement.
Pour le reste, le président du SNE n'a pas pris d'engagement dans ses réponses aux interrogations mesurées de Marie Sellier ("peut-on négocier son contrat, et discuter sa rémunération ?", demandait la présidente de la SGDL), auteure jeunesse bien au fait du rapport de force et de la situation des auteurs, pour lesquels il "est de plus en plus difficile de vivre de sa plume", a-t-elle pointé.
L'éditeur raisonne plutôt en économie globale de l'entreprise, que Vincent Montagne s'est efforcé d'expliquer : le pourcentage des droits, qui peut sembler très bas, est en fait à calculer sur l'ensemble du catalogue, en prenant notamment en compte les titres qui ne se vendent pas, et sur lesquels des à-valoir ont néanmoins été versés. Au total, vu d'une maison d'édition, la proportion des droits est souvent du double de ce qui est formulé sur les contrats individuels. Au nom des ces incertitudes, le président du SNE a jugé que le système allemand, qui prévoit un taux minimum sur certains types d'ouvrage, n'est pas judicieux, pas plus que le serait un partage à parts égales des droits numériques, ou un montant fixe pour compenser la baisse des recettes formulées en pourcentage d'un prix de vente numérique inférieur de 20 à 30 % à ceux du papier.
En numérique, les lecteurs veulent des prix plus bas, c'est inéluctable, a rappelé Vincent Montagne, alors qu'aucun éditeur ne rentre dans ses frais pour le moment a-t-il assuré. "Nous sommes sur un marché en devenir, laissons les expérimentations se faire, a-t-il demandé. Tout évolue vite".