« La préservation d’un accès équitable au marché de détail et au marché des droits, comme aux matières premières et aux médias, est une condition nécessaire au développement équilibré de notre secteur d’activité, porteur de forts enjeux sociétaux, éducatifs et culturels. Il en va de la bonne représentation des œuvres en librairie, et, avec elle, de la libre expression des idées et des imaginaires », estime le SNE dans un communiqué en date du 4 janvier 2022 et non signé par les groupes Hachette et Editis. Le SNE en appelle aux autorités de la concurrence françaises et européennes, qui devraient débuter prochainement l’examen du projet de rachat, afin de prévenir « tout risque d’abus de position dominante et toute dissymétrie portant atteinte au libre-jeu de la concurrence et à la diversité culturelle ».
Une tribune d’auteurs
Toujours le 4 janvier, un collectif d’écrivains, parmi lesquels Irène Frain, Belinda Cannone, Christophe Hardy et Pierre Jourde signent dans Le Monde une tribune allant dans le même sens. Ils y alertent leurs lecteurs de cette concentration qui constitue selon eux une menace pour la liberté de création et d’expression. « Lorsque deux groupes s’entre-dévorent, nous ne pouvons rester simples spectateurs face à un étrange et funeste spectacle animalier », écrivent les auteurs signataires. « Aujourd’hui déjà la relation entre l’auteur et son éditeur est très déséquilibrée. Demain, si un seul groupe se trouve en position dominante sur certains segments éditoriaux, elle n’en sera que plus inéquitable », ajoutent-ils.
Rappelant l’implication des auteurs en 2019 lors des débats au Parlement européen sur le projet de directive relative au droit d’auteur, les 10 auteurs se disent déterminés. « Nous appelons à la vigilance de tous, auteurs bien sûr mais aussi vous, lecteurs, pour nous opposer ensemble au remodelage brutal du paysage éditorial autour d’un acteur surpuissant », concluent-ils.