Comme en 2002-2004, Gallimard s’oppose à une éventuelle fusion entre Hachette et Editis.
« Cette acquisition ne me semble pas possible, à la fois pour le respect des règles de la concurrence et pour éviter un abus de position dominante. J’attends beaucoup de la direction de la concurrence européenne qui regarde cette affaire », a déclaré sur
BFM Business en début de semaine
Antoine Gallimard, dirigeant du groupe Madrigall, maison mère des éditions Gallimard et Flammarion.
Le géant des médias Vivendi, contrôlé par la famille
Bolloré, a annoncé en septembre son intention de monter à 45% du capital du groupe Lagardère, puis de lancer une offre publique d’acquisition sur le solde des actions. L’opération doit conduire au rapprochement de certains médias mais surtout des deux premiers groupes éditoriaux français, Hachette Livre et Editis,
concurrents dans de nombreux secteurs de l’édition. L’opération doit être validée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et par la Commission européenne. D’après cette dernière, l’examen de cette fusion n’a pas encore débuté.
Le précédent de 2002-2004
Il est justement encore
« trop tôt » pour savoir qui, de Hachette ou d’Editis, devra vendre des maisons d’édition pour rendre possible la fusion entre les deux concurrents, avait de son côté déclaré fin octobre la directrice financière de Lagardère,
Sophie Stabile, interrogée lors de la présentation des résultats du groupe. Au micro de
BFM Business, Antoine Gallimard n’a pas souhaité se positionner sur les actifs qui pourraient l’intéresser.
« On a des approches très différentes. Moi je pense que l’édition c’est avant tout de la recherche littéraire, des auteurs, y compris de jeunesse, mais pas forcément le rapprochement des médias », a-t-il lancé.
Antoine Gallimard a rappelé qu'en 2004, le groupe Vivendi alors dirigé par
Jean-Marie Messier avait été empêché par la Commission européenne de céder la totalité de son pôle d'édition à
Lagardère. Au début des négociations, dès 2002, l’affaire avait déjà divisé le monde de l’édition française. Les éditeurs français (hors Vivendi et Lagardère), dont Gallimard, s’étaient à l’époque massivement mobilisés contre le rachat de Vivendi Universal Publishing (Vup, devenu ensuite Editis) par Lagardère. Des maisons comme le Seuil, la Martinière ou Media Participations avaient soutenu des projets d’acquisition de Vivendi par des grands fonds d’investissements. Beaucoup de dirigeants de l’édition française s’étaient rendus à Bruxelles pour s’opposer au monopole qu’aurait créé la fusion des activités d’Hachette avec les activités françaises de Vup. Ces dernières, renommées Editis, avaient été cédées à des investisseurs, avant de revenir fin 2018 dans le giron de Vivendi.