Après le temps de la révolte, vient celui de la concertation. Galvanisés par une mobilisation d'ampleur en 2018, les auteurs et leurs représentants se sont assis à la table des négociations cette année pour tenter d'influencer les réformes en cours sur leur régime social ou bien la future réforme des retraites. Sans toutefois renoncer au militantisme qui leur a permis de capter l'attention des pouvoirs publics.
Ainsi, comme
l'avait promis le ministre de la Culture Franck Riester fin 2018,
une mission de réflexion, confiée à Bruno Racine, s'est ouverte au début de l'année,
prélude à d'intenses concertations entre l'Etat et les associations sur un large panel de sujets.
La compensation de la hausse de la CSG, finalement appliquée
à l'ensemble des auteurs plutôt qu'aux seuls affiliés au régime, ainsi que
la consolidation du régime des auteurs, se trouvaient au cœur des débats. Malgré des avancées tout au long de l'année, la Charte a regretté, en décembre,
la méthode et le manque de dialogue du gouvernement.
La réforme des retraites dans le viseur
Mais c'est bien la future réforme des retraites prévue par l'exécutif qui a le plus focalisé l'attention des organismes représentants. Elle prévoit de remplacer la quarantaine de régimes en vigueur par un système universel à points dans lequel chaque euro cotisé donnera des droits à pension identiques.
Les auteurs s'inquiétaient en début d'année d'une éventuelle diminution de leurs droits, qui pourrait en sus se conjuguer à certaines difficultés logistiques pour les auteurs les plus âgés,
comme le soulignait l'adminsitratrice de la SGDL Sophie Chaveau.
Une première analyse du rapport Delevoye sur les retraites, paru cet été,
ainsi qu'une concertation présidée par Franck Riester organisée à l'automne, laissent espérer une possible sanctuarisation du régime des auteurs. Toutefois, dans l'attente des arbitrages politiques définitifs lors de la discussion du texte à l'Assemblée, prévue après les élections municipales de 2020, la SGDL a préféré prendre les devants. L'organisme a présenté, le 5 décembre, jour de mobilisation contre ladite réforme,
une liste de revendications concernant les auteurs, quelques semaines après que son nouveau président
ait présenté son programme.
Paupérisation et revendications
Cernés par les réformes, les augmentations de cotisation et l'érosion des ventes, les auteurs ont cette année encore donné de la voix pour obtenir des améliorations de leurs conditions de travail et de leur rémunération. Le "Tome 2" des Etats généraux du livre, organisé au printemps par le Conseil permanent des écrivains (CPE),
était largement consacré à ce sujet. Les auteurs y demandaient à l'unanimité
un seuil plancher de 10% de droits d'auteurs pour tous.
Le CPE a prolongé cette réflexion en rencontrant le Syndicat national de l'édition
afin de relancer un cycle de discussions sur le partage de la valeur. Trois groupes de travail ont été constitués, sur la rémunération des auteurs, la reddition des comptes et le nouveau système de mesure des ventes.
De son côté, la Charte, en accord avec la SGDL, le CNL et la Sofia, a convenu en juin
d'une augmentation de 3,45% du barème de la rémunération des auteurs pour leurs interventions dans les manifestations littéraires. Deux mois plus tôt, l'association avait lancé, en partenariat avec la Ligue des auteurs professionnels,
la campagne #payetaculture afin d'alerter sur la précarisation des conditions de vie des créateurs. Ce qui n'a pas empêché
une nouvelle polémique sur la rétribution des auteurs en dédicaces, déclenchée par des propos de Jacques Glénat, P-dg de Glénat.