« Avec près de 300 millions de francophones dans le monde, la langue française connaît une progression de 10 % du nombre de ses locuteurs depuis la dernière mesure réalisée en 2014 », précise le nouveau rapport de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), intitulé La langue française dans le monde et tout juste coédité avec Gallimard. Plus ou moins réduite par la France au rang d'instrument d'influence, la francophonie ressurgit périodiquement dans l'agenda politique. Elle bénéficie actuellement d'un regain d'intérêt dont l'édition serait le vecteur, avec la programmation d'Etats généraux du livre en français, attendus d'ici à la fin de l'année.
En 360 pages, ce rapport dresse un état des lieux très détaillé de l'usage du français dans le monde, et représente un outil de travail utile pour qui s'intéresse à ce marché, notamment dans l'édition, aussi bien pour l'export d'une production générale que pour les maisons spécialisées dans l'apprentissage de la langue. « Le nombre d'apprenants est au moins égal à 51 millions d'individus », estime le rapport, qui les englobe dans les francophones. Pour les biens culturels, il se dessine une sorte de marché commun linguistique, surtout pour la presse et les livres, dont les exportations intrafrancophones représentent près de 60 % du total du commerce international de ces biens. « Les échanges bilatéraux de journaux et de livres sont multipliés par 8 en moyenne pour une paire de pays partageant la langue française », note le rapport.
Si le français a perdu depuis longtemps son statut de langue de communication internationale au profit de l'anglais, la croissance espérée de son usage repose sur le dynamisme démographique de l'Afrique, à condition qu'il soit accompagné d'une scolarisation de bonne qualité. « En 2050, plus de 70 % des francophones seront africains », selon l'OIF, contre 60 % aujourd'hui. Si les besoins en termes d'éducation et d'accès à la culture sont immenses, la solvabilité de cet ensemble est des plus réduites : le Maghreb et l'Afrique francophone représentent moins de 10 % des exportations de livres en 2017, selon le rapport annuel du SNE, contre 53 % pour la Belgique, la Suisse et le Canada, dont la population est 8 fois moins importante. La diffusion numérique ouvre des perspectives, mais n'en est qu'à ses prémices.
