La Fondation "fait le diagnostic des progrès réalisés depuis le vote de la loi Taubira il y a 20 ans, mais aussi des manques, dont le principal est l’absence inexplicable de Toussaint Louverture et de la révolution haïtienne dans les programmes scolaires sur la Révolution Française, sauf pour les lycées professionnels et en outre-mer : montrant ainsi que quand il est question de l’esclavage, on n’enseigne pas la même Histoire de France à tous les enfants de France".
Pour la primaire, "de façon générale, les outils scolaires, sauf exception, accordent à ces sujets une place très ténue, aux développements succincts, en insistant sur la dimension morale, et en dehors de toute contextualisation historique" explique la FME. Au collège, "Si la question de l’esclavage antique a presque disparu des programmes en classe de 6ème, celle de l’esclavage colonial organisé par les puissances européennes a gagné en densité et en complexité." Ainsi, "Dans les manuels scolaires, les débats publics, les renouvellements historio-graphiques et les programmes de 2016 ont indiscutablement permis une vi-sibilité et une prise en compte plus importante de l’esclavage colonial et des traites. Par rapport aux éditions de la décennie 2000-2010, une plus grande diversité dans les termes utilisés, les lieux de l’esclavage et les aires géogra-phiques abordées se manifeste." L'approche économique reste prédominante mais les réalités de la traite sont aussi plus incarnées.
Une fois au lycée, la Fondation souligne que deux dates majeures - la première abolition de 1794 et le rétablissement de l'esclavage de 1802 - sont significativement absentes. Il faut être en lycée professionnel pour avoir les manuels les plus complets sur ces questions.. Ainsi entre la voie générale et la voie professionnelle, le traitement de Saint-Domingue est radicalement différent, minoré dans la première, centrale dans la seconde.
Pour remédier à cette situation, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage formule 7 propositions:
1. Mettre à disposition de tous les élèves les mêmes connaissances sur ce pan de notre histoire nationale, sans distinction de filières ni de territoires.
2. Intégrer systématiquement l’histoire de Saint-Domingue dans le contexte ré-volutionnaire en lien avec les valeurs et principes universels de 1789.
3. Adopterune terminologie plus précise et des chiffres consolidés concernant les traites et l’esclavage .
4. Veiller à ce que la question de l’esclavage continue de s’ouvrir à des dimensions autres qu’économiques : conditions de vie des esclaves, révoltes et résistances, héritages culturels
5. Mettre en évidence les liens entre esclavage, traite et racisme, à partir de l’étude des législations basées sur la couleur de peau dans les sociétés escalavagistes.
6. Restituer l’histoire de l’esclavage et des traites dans l’espace et dans le temps long, depuis l’Antiquité.
7. Conduire une enquête globale sur l’enseignement de l’histoire de l’esclavage et des post-esclavages en France en analysant les pratiques de classe.