L'écrivain et prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave Le Clézio va quitter le jury du prix Renaudot, un prix littéraire mis en cause pour avoir récompensé l'écrivain pédophile Gabriel Matzneff en 2013.

"Je vais suivre" Jérôme Garcin, le journaliste qui a démissionné du Renaudot début mars, a indiqué J. M. G. Le Clézio au Figaro. L'écrivain a affirmé qu'il s'était opposé "avec force" à l'attribution du prix à Matzneff en 2013. "On ne m'a pas écouté", a-t-il déploré.

Séraphin, c'est la fin ! (La Table Ronde, 2013), le livre pour lequel Matzneff a recu le prix Renaudot est "une apologie du viol", a estimé le prix Nobel de littérature. "Je l'ai lu avec beaucoup de dégoût", a-t-il insisté.

Comme Jérôme Garcin, Le Clézio souhaite que le jury du Renaudot soit féminisé. Composé de dix membres, l'instance d'attribution du prix ne compte actuellement qu'une seule femme, Dominique Bona.

Un deuxième témoignage

Le prix Renaudot, un des grands prix littéraires d'automne, a été pris dans la tourmente de l'affaire Matzneff, après la publication début janvier du récit autobiographique de l'éditrice Vanessa Springora, Le consentement (Grasset, 2019), dans lequel elle dénonce les dommages causés par sa relation sous emprise avec l'écrivain, pédophile revendiqué, dans les années 1980. Elle avait alors à peine 14 ans, et lui près de 50.

Près de trois mois après la publication de ce livre, une autre femme ayant eu, adolescente, une relation sous emprise avec Gabriel Matzneff, Francesca Gee, est sortie du silence, le 31 mars, accordant un entretien au New York Times.

Visé par une enquête pour viols sur mineurs, Gabriel Matzneff sera par ailleurs jugé en septembre 2021 pour "apologie" de pédophilie.