Le 6 août dernier, le banquier d'affaires avait assigné la journaliste et la maison d'édition pour "atteinte à la vie privée", jugeant que Raphaëlle Bacqué avait révélé "son orientation sexuelle" ainsi que "son appartenance à la franc-maçonnerie" dans Richie, portrait de l'ex-directeur de Sciences Po Paris Richard Descoings, décédé à New York le 3 avril 2012 et dont il était un proche. Il réclamait notamment la suppression de trois passages du livre des exemplaires déjà en librairie et à paraître ainsi que des éventuelles réimpressions, et que lui soit versée la somme de 125000 euros en réparation de ses préjudices moraux.
Pas d'atteinte à la vie privée
La présidente du tribunal, Marie Mongin, a jugé que l'atteinte à la vie privée n'était pas caractérisée puisque, comme l'avait fait valoir Me Laurent Merlet, l'avocat de Raphaëlle Bacqué et Grasset, à l'audience du 8 septembre, Emmanuel Goldstein avait accepté de répondre aux questions de la journaliste lors d'un déjeuner en 2013 et avait lui-même évoqué son homosexualité et sa vie familiale. A la barre, Raphaëlle Bacqué avait ainsi précisé que le banquier n'avait jamais demandé à ce que ne soient pas évoquées son orientation sexuelle ou son appartenance à la franc-maçonnerie.
Le tribunal a également tenu compte du fait qu'un passage de Richie racontant qu'Emmanuel Goldstein avait été président de l'Association des étudiants gays de France n'avait, lui, pas été incriminé.
Concernant l'appartenance du banquier à la franc-maçonnerie, le tribunal a rappelé qu'il était "de principe que la révélation de fonctions de responsabilité au titre d'une quelconque appartenance politique, religieuse, ou philosophique" ne constituait pas une atteinte à la vie privée. Or, comme l'indique dans son livre Raphaëlle Bacqué, c'est à l'initiative d'Emmanuel Goldstein que Richard Descoings a pu exposer devant les membres "influents" de sa loge maçonnique son projet de réorganisation de Sciences Po, qui a permis l'ouverture de la prestigieuse école aux élèves issus de ZEP. Le tribunal a jugé qu'il s'agissait d'une information "incontestablement utile au débat d'intérêt général" et n'a donc pas retenu l'atteinte à la vie privée.
Emmanuel Goldstein dispose d'un mois pour affaire appel de la décision.