esté l’an dernier, le nouveau Baromètre des prêts - Ministère de la Culture et de la Communication/Livres Hebdo, dont nous inaugurons cette semaine la publication annuelle, propose une photographie inédite de l’activité des bibliothèques. Dominée, et de loin, par l’auteure de la série pour enfants Max et Lili, la liste plutôt décapante des auteurs dont les livres sont les plus empruntés en bibliothèque en 2015 fera peut-être sourire. Elle souligne pourtant, tout comme les palmarès des livres les plus prêtés et des livres les plus achetés l’an dernier par les établissements de lecture publique, le rôle joué par les bibliothécaires pour la découverte de la lecture et pour celle des fonds éditoriaux. Deux préoccupations qui sont aussi celles des éditeurs et des libraires confrontés à un marché toujours plus concentré sur la nouveauté.
Le rôle des bibliothèques dans l’initiation au plaisir de lire s’illustre aussi bien par le poids du livre pour la jeunesse dans leurs prêts et dans leurs acquisitions que par la part, toutes catégories confondues, des séries et de la littérature populaire parmi les emprunts. Dans une hiérarchie somme toute assez différente de celle qui prévaut en librairie, les auteurs de Tom-Tom et Nana, des Légendaires ou d’Astérix côtoient la spécialiste du documentaire jeunesse Stéphanie Ledu, Françoise Bourdin, Harlan Coben ou Danielle Steel.
Cela n’empêche pas les bibliothécaires de promouvoir auprès de leurs publics la production éditoriale dans sa plus grande diversité. Les 10 titres les plus empruntés en 2015 ne représentent finalement que 0,3 % des emprunts. L’an dernier, derrière les best-sellers de David Foenkinos (fiction), Tatiana de Rosnay (documents), Julien Neel (BD) ou John Green (jeunesse), les 142 bibliothèques composant l’échantillon du baromètre ont prêté plus de 460 000 titres différents. Et "l’effet retard" (délai de commande et d’enregistrement) ne suffit pas à expliquer que 37 des 50 documentaires, 42 des 50 fictions adultes, et… tous les titres jeunesse et BD les plus empruntés dans l’année 2015 ont en fait été publiés au cours des années précédentes. Le temps de la lecture ne se confond pas forcément avec celui du commerce.
