José Manuel Lara, patron de Planeta, a pris la présidence de sa filiale française pour bien marquer la fermeté du groupe espagnol dans ses objectifs de développement et faire taire toutes les rumeurs de cession : tel est le sens de la récente réorganisation à la tête d'Editis qu'Alain Kouck souligne dans une interview à Livreshebdo.fr.
Directeur général et vice-président du conseil d'administration dans la nouvelle organisation, celui qui incarne la continuité de l'entreprise et sa réussite dans toutes les turbulences qu'elle traverse depuis 2002 veut redonner un environnement de travail serein à l'ensemble des maisons d'édition. Les résultats de 2008 ont été bons.
Début 2009, l'activité est conforme au plan de marche. Le poids de la dette est ajusté au potentiel du groupe, et Planeta, qui a connu une excellente année 2008 dans l'édition, a toujours honoré ses engagements.
José Manual Lara avait annoncé qu'il ne prendrait pas la tête d'Editis, ce qu'il vient pourtant de faire. Quel est le sens de ce changement ?
Beaucoup de rumeurs se sont répandues sur la cession du groupe, il fallait les démentir. Il a donc pris la présidence d'Editis, pour bien marquer sa volonté d'investissement à long terme, afin de créer un des leaders européens de l'édition. Car il n'aurait évidemment pas fait ce geste s'il avait eu l'intention de céder l'entreprise.
Comment est organisée la direction du groupe aujourd'hui ?
Nous sommes passés d'une société à conseil de surveillance et directoire à une société à conseil d'administration, pour fonctionner avec une gouvernance rapprochée. José Manuel Lara est président non exécutif, j'en suis le directeur général et mandataire social, en étant également vice-président du conseil d'administration.
Quelle est la composition du conseil d'administration ?
Tous les administrateurs indépendants ont démissionné, la nomination de leurs successeurs est en cours.
Christian Brégou n'est resté que deux mois dans ses fonctions de P-DG. Pourquoi un passage aussi bref ?
La gouvernance et le choix des mandataires sont de la responsabilité de l'actionnaire. Je n'ai pas de commentaire particulier sur ce point, d'autant que j'ai toujours travaillé en bonne harmonie avec Christian Brégou.
Y a-t-il d'autres changements dans le management ?
Eduardo Bofill, jusqu'ici dirigeant de Espasa Calpe, filiale madrilène d'édition de Planeta, qui avait fait auparavant une partie de sa carrière chez Fnac International, est nommé directeur général délégué. C'est une décision que je souhaitais, car j'étais amené à faire beaucoup de choses en direct. Il faut aussi préparer l'avenir d'Editis, même si j'y suis très attaché, pour faire face aux nombreux défis que nous devons relever.
Quels sont les objectifs pour 2009 ?
Il est de ma responsabilité d'assurer que tout se passe bien, pour l'avenir de ce groupe et son développement. Il faut continuer à gagner des parts de marché, comme nous l'avons fait l'an dernier en littérature, dans l'éducation et les services.
Quels sont les résultats de 2008 ?
Ils sont bons, même s'ils sont un peu au-dessous de nos espérances, comme partout dans l'édition. La fin de l'année était tout à fait satisfaisante, et les premiers mois de 2009 sont conformes à nos attentes. Pour sa part, Planeta a connu une excellente année dans l'édition en Espagne, et 2009 démarre très bien.
Le poids de la dette s'est-il alourdi pour Editis ?
L'acquisition est financée sur les potentiels du groupe. Par ailleurs, Planeta a toujours honoré tous ses engagements financiers.
Y a-t-il dans le groupe des réorganisations à prévoir ?
Il est toujours possible d'optimiser les choses pour préserver nos marges, c'est ce que nous avons fait dans les achats de papier, dans les relations avec nos imprimeurs, mais il n'y a pas de nécessité à bouleverser l'organisation actuelle du groupe. La priorité, c'est de donner aux maisons d'édition un environnement de travail qui favorise la création, et une mise en marché des ouvrages optimale.
Comment analysez-vous la santé du secteur du livre aujourd'hui ? Comment la profession doit-elle s'armer pour résister à la crise ?
Il est important de travailler dans la solidarité au sein du SNE. Ce qui fait la force de la France, c'est la densité de son réseau de diffusion du livre, via les librairies, les maisons de la presse, la grande distribution, le e-commerce... La réalité d'Amazon et de Google est incontournable, il y des enjeux importants dans le numérique, sur le droit de la propriété intellectuelle, le piratage, l'organisation des bases de données bibliographiques... Il est préférable de les aborder dans le cadre d'une vision commune à l'interprofession, dans laquelle je n'ai jamais été autant engagé, et où je souhaite continuer à m'investir.