« La vie est parfois un bouleversement » aux chapitres très différents. À condition d'oser s'aventurer dans des zones inhabituelles. Poétesse, critique littéraire et traductrice (les poèmes de Houellebecq), Alba Donati ne manquait pas d'activités. Elle a également fondé, avec son mari, une école consacrée aux langages de la culture, dans laquelle on trouve des enseignants tels que Michela Murgia ou Michael Cunningham. Or un jour, elle réalise que « nous avons attendu trop longtemps pour être ce que nous désirons ». Il est donc temps d'ouvrir « les écrins de nos rêves brisés, laisser circuler l'imagination et concrétiser nos souhaits ». Chez Alba Donati, cela aboutit à un projet fou : retourner au bercail, à savoir le village familial de Lucignana pour y faire germer « l'idée de la librairie » qui « était certainement tapie dans les replis de ce lieu sombre et joyeux qu'on nomme enfance ». Mais il s'agit d'un bled perdu de 180 habitants... Elle se justifie en affirmant que « l'endroit ne sait pas qu'il est perdu ». Coup de génie ou folie ? L'important est d'y croire en dépit des péripéties du destin, formidablement racontées dans ce récit sous forme de journal. Tant la situation géographique que les finances s'avèrent problématiques, mais la librairie voit le jour − en 2019 − aux côtés « d'oliviers inclinés ». La joie est de courte durée, puisqu'un incendie ravage les locaux. « Nous sommes constitués de défaites et de pétales de rose. » Un an plus tard, le confinement pourrait se transformer en cauchemar décourageant. C'était compter sans l'énergie inouïe d'Alba et la formidable solidarité « pour qu'un rêve se réalise : transmettre la passion des livres à un village qui ne possède même pas d'école ». Cette renaissance trouve tout son sens comme en attestent les « commandes du jour », celles-ci montrant au passage que des titres singuliers ou « des nouveautés et des ouvrages oubliés » peuvent parfaitement cohabiter. « J'aime les livres qui vous poussent à lire d'autres livres. Une chaîne que nous ne devrions jamais interrompre », affirme la libraire italienne. À ses yeux, « la librairie est une école, une fenêtre sur un monde que nous pensons connaître. La vérité, c'est qu'il faut lire pour connaître vraiment le monde ».
La librairie sur la colline Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Globe
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 21,90 € ; 224 p.
ISBN: 9782383611301