Épidémie, morts en cascade, confinement, déroute collective, absurdité de la vie quotidienne... Sous la plume d'Albert Camus et à travers les yeux du médecin narrateur Bernard Rieux, l'Oran de 1940 dans La peste ressemble étrangement au monde en cette année 2020. Les lecteurs n'ont pas manqué de s'en rendre compte. En France, le classique publié en 1947 est apparu au mois de mai dans le Top 20 Livres Hebdo/GFK des meilleures ventes de livres. Gallimard, qui exploite les droits de l'œuvre dans sa collection de poche Folio, annonce des ventes multipliées par 6 au premier semestre 2020 par rapport à leur niveau habituel. Au-delà des lectures allégoriques que l'on prête souvent au texte, c'est une vision plus frontale et prophétique qui a séduit la planète entière. Dans plusieurs pays européens, l'ouvrage a atteint les sommets des ventes. En Italie, il est passé du 71e au 3e rang des ventes sur Libreria IBS, la principale librairie en ligne. En Chine, le titre a été l'un des plus commandés sur Amazon au premier semestre. Au Japon, fort de sa deuxième jeunesse, le texte sera même pour la première fois adapté en manga dans Comic Bunch, le magazine de l'éditeur Shinch?sha. Plus largement, derrière La peste, d'autres classiques ont bénéficié de l'épidémie et du confinement. Ainsi Le hussard sur le toit, de Jean Giono, qui a fait une apparition dans les meilleures ventes en juin, L'aveuglement, du Portugais José Saramago, L'amour au temps du choléra, de Gabriel García Márquez ou encore le très postapocalyptique La peste écarlate, de Jack London.