lors que les étudiants font leur rentrée, force est de constater que les livres les accompagnent de moins en moins. Internet est passé par là, qui a bouleversé l’accès aux données et au savoir. Cela justifie-t-il la baisse structurelle de la prescription par les enseignants, massivement constatée par les éditeurs et les libraires du secteur, comme par les bibliothécaires ?
De notre enquête sur les grands défis auxquels ces derniers sont confrontés, comme du programme du congrès de l’Association des directeurs des bibliothèques universitaires (ADBU), la semaine prochaine à Nice, les bibliothèques universitaires, de plus en plus loin du livre, ressortent traversées par des interrogations profondes sur leur avenir. A quoi servent-elles ? Comment peuvent-elles s’adapter à la fusion des universités, aux effectifs surchargés, aux restrictions budgétaires, aux nouvelles pratiques des étudiants ? Légitimement, les voilà d’abord préoccupées par les conditions financières, matérielles et techniques d’accès aux données, d’abord pour elles-mêmes, puis pour leurs usagers au sein des établissements.
Pourtant, comme le rappelle Lise Dumasy, la présidente de l’université Grenoble Alpes, la formation à la recherche documentaire reste plus que jamais essentielle. Il faut, souligne-t-elle, apprendre aux étudiants "à sélectionner l’information, à vérifier les sources". Une mission qui revient aux enseignants, mais à laquelle le livre, et avec lui les bibliothécaires, peut grandement contribuer.
Le livre voit sa nécessité plus que jamais validée. Il ne se contente pas d’apporter des informations ou de compiler des contenus : il les structure et les organise, déploie des thèses, des arguments, des démarches critiques et, partant, stimule la réflexion indispensable aux nouvelles méthodes de formation fondées sur la pédagogie inversée. Encore faut-il en convaincre les enseignants, l’institution universitaire dans son ensemble. Pour former, selon la formule, des têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines.