Livres Hebdo : Vous venez d’être nommée secrétaire générale de Libraires Ensemble. Quelles sont les missions du groupement ?
Alexia Sevoz : En tant que réseau national de librairies multi-spécialistes indépendantes, notre mission première est de mutualiser nos savoir-faire et nos outils. A cette fin, nous développons tout une série de services en marque blanche pour nos membres ; il peut s’agir de supports de communication personnalisables ou de guides de lecture papier et digital. Nous aidons aussi les librairies à créer leurs newsletters, à faire remonter leurs coups de cœur, nous proposons un accompagnement sur la gestion de l’entreprise et sur la formation continue des équipes. Via nos groupes de travail, nous nous inscrivons dans une politique d’entraide et de mutualisation (des consommables par exemple), et nous ouvrons accès à diverses ressources qui permettent de mieux comprendre le marché et d’échanger autour des bonnes pratiques de la profession.
2023 a été une année de ralentissement pour la librairie. Comment cela s’est-il passé au sein de votre groupement ?
Les coûts et les frais ont augmenté et, avec le recul du pouvoir d’achat, on observe une certaine frilosité de la clientèle. Cette tendance rend d’autant plus nécessaire la mise en commun des compétences telle que nous la pratiquons chez Libraires Ensemble pour améliorer la gestion, la rentabilité ou encore les négociations avec les fournisseurs. Le début de l’année 2024 s’inscrit dans la continuité de 2023, avec un niveau d’activité qui reste stable.
Depuis le 7 octobre, le décret portant à 3 euros les frais de port pour les commandes en ligne excédant 35 euros est entré en vigueur. En ressentez-vous les effets ?
Cette loi était nécessaire, mais elle a surtout desservi les gros faiseurs. Il est encore difficile de savoir dans quelle mesure elle bénéficie à la librairie indépendante.
Les délais de paiement, qui pourraient être réduits à 30 jours selon une proposition de réforme de la Commission européenne, sont aussi un sujet brûlant pour la librairie…
Nous suivons de près le travail du Syndicat de la libraire française qui a pris fait et cause contre cette mesure qui entraînerait d’importantes conséquences pour notre économie. Toutes les librairies de France seraient en danger car leur équilibre repose justement sur les délais de paiement plus longs garanti par la loi de 2010. Ce texte nous protège car il exempte la filière du livre du plafonnement des délais de paiement à 45 jours fin de mois ou 60 jours à compter de la date d’émission de la facture. Au-delà de la librairie, c’est d’ailleurs un sujet impliquant et important pour toute l’interprofession.
Quels sont vos objectifs pour 2024 ?
Nous avons à cœur de continuer à innover pour satisfaire au mieux les besoins de nos membres. Cela passe par une accentuation du travail collectif. A cette fin, je suis accompagnée de Guillemette Arsac au commercial et au marketing et nous sommes en train de recruter une personne pour me succéder à l’animation du réseau.