Cet obscur objet nommé désir. Découverte avec sa touchante première bande dessinée, Ne m'oublie pas (Le Lombard, 2021), une fiction autour de la maladie d'Alzheimer, inspirée de sa propre relation avec sa grand-mère, Alix Garin franchit le pas de l'autobiographie avec ce nouvel album au titre volontairement équivoque. « Impénétrable » comme son moi profond qui peine à verbaliser ce qu'elle désire vraiment dans sa vie de couple. Et d'abord « impénétrable » en raison de douleurs vives lors de l'acte sexuel, pendant lequel elle ne ressent jamais aucun plaisir. Mais ce qui aurait pu n'être qu'un énième roman graphique de témoignage sur une maladie ou une affection - ici, le vaginisme, contraction involontaire des muscles du périnée entraînant de vraies souffrances lors de la pénétration voire la rendant impossible -, devient rapidement l'autoportrait d'une jeune femme en quête de sensations et qui cherche à, enfin, écouter son propre désir.

On voit d'abord la jeune Alix, tout juste diplômée, emménager avec son amoureux Lucas et démarrer dans la vie professionnelle avec énergie. Jusqu'à ce que ses douleurs récurrentes lors des étreintes la poussent à s'interroger : que faire, que dire pour ne pas décevoir le partenaire et risquer de tout briser ? Au fil de rendez-vous médicaux et psychologiques, l'autrice en apprend davantage sur son corps, comprend des choses sur son couple, mais peine à sortir de l'impasse : comment vivre l'amour sans relation sexuelle et est-ce une fatalité ?

Sous une ligne fluide et des couleurs jamais choisies au hasard, dans des compositions de pages aérées allant à l'essentiel, Alix Garin se dévoile sans fard ni fausse pudeur, au fil d'un exercice autobiographique déstabilisant et courageux, une littérale mise à nu. Et même au-delà, car elle finit aussi par débusquer, après une séance d'hypnose, la raison profonde de son mal-être, qu'elle ne détaillera pas ici, car son sujet n'est, pour le moment, pas là. Il est dans la compréhension de ce que sont le désir et le plaisir, ce qui n'est finalement pas si évident. Et la jeune autrice de conclure, pour bien se faire comprendre, même si elle l'avait déjà fait brillamment au fil des 300 pages précédentes : « Au fond, ce récit n'est pas une histoire de sexe... C'est une histoire d'amour. »