« Les 1 200 commerces culturels de proximité "Maison de la Presse", Point Plus et Mag Presse (rassemblés au sein du Groupe NAP) condamnent la volonté d’Amazon de contourner l’esprit de la loi Darcos qui vise à rétablir une concurrence plus équilibrée entre les libraires et les grandes plateformes en ligne », annonce le groupe NAP dans un communiqué daté du 4 décembre au soir.
Cette déclaration intervient alors qu'Amazon prévoit de proposer un service de livraison gratuite dans plus de 2 500 points de retrait. Dans son texte, le groupe NAP appelle notamment à rétablir une concurrence plus équilibrée entre librairies et grandes plateformes en ligne. Une position également défendue par Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF), joint en novembre dernier par Livres Hebdo.
Le groupe NAP, première enseigne culturelle de proximité en France, estime qu’en offrant la livraison des livres via ses casiers automatisés pour les commandes inférieures à 35 euros, Amazon ne respecte pas l’esprit de la loi. En effet, le décret impose des frais de port de trois euros sur les livres neufs jusqu’à 35 euros d’achat en ligne, somme destinée à soutenir les commerces locaux.
Manque de considération
Parmi les 2 500 point de retrait choisis par Amazon, 70 % sont situés dans des petites villes et zones rurales. Pour NAP, cette stratégie montre le « peu de considération » de la plateforme pour les 500 commerces « Maison de la Presse » implantés dans ces territoires, ainsi que pour les 3 500 librairies françaises. « Ces commerçants connaissent leurs clients, leur sensibilité littéraire, leurs attentes. Ils accompagnent les Français au quotidien pour promouvoir une culture pour tous, partout », défend le groupe.
Arnaud Ayrolles, président du groupe NAP, appelle ainsi à renforcer la régulation des plateformes comme Amazon pour protéger le modèle économique des commerces culturels de proximité, qu’il estime « essentiels au lien social ». Il soutient également la position de la ministre de la Culture Rachida Dati (du gouvernement démissionnaire de Michel Barnier). Cette dernière déplorait, lors d'une prise de parole au Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil, un contournement de la loi de la part de la plateforme en ligne.
Saisi le mardi 19 novembre par le ministère de la Culture, Jean-Philippe Mochon, médiateur du livre, reçoit en auditions de novembre à janvier les différentes organisations représentatives dont le SLF, le SNE et Amazon. Son avis devrait être rendu fin janvier.
MISE À JOUR - 9 décembre 2024
Amazon a souhaité réagir à notre article et nous a transmis ce verbatim que nous reproduisons dans son intégralité : « Amazon s’engage depuis plus de 20 ans pour offrir aux lecteurs en France une sélection aussi large que possible et un accès facilité à la lecture. Dans notre pays, plus de 90 % des communes n’ont pas de librairie et à travers cette initiative nous offrons aux lecteurs une nouvelle option pratique et économique pour accéder à une offre élargie de livres, disponibles à la livraison aux quatre coins de la France. Cette initiative facilite l'accès aux livres, en particulier dans les petites villes et zones rurales, et est conforme à la loi Darcos. Nous notons en effet comme les autres acteurs du secteur que la réglementation applicable prévoit que la livraison de livres peut être gratuite si le livre est retiré dans un magasin qui vend d’autres livres. »