Brillant sujet de Sa Majesté, Andrew McMillan, tout juste 30 ans, est professeur de creative writing à l’université Metropolitan de Manchester. En 2015, est paru son premier livre, un recueil intitulé Physical, très remarqué en Grande-Bretagne, récompensé par plusieurs prix dont le Guardian First Book Award, décerné pour la première fois à de la poésie. Original tant par le fond (une ode au corps masculin) que par la forme (vingt-cinq "étranges poèmes", dixit l’auteur, un peu comme des stèles, qui occupent d’une façon singulière l’espace de la page, et dont la composition s’apparente un peu à celle de collages), il nous parvient aujourd’hui, en édition bilingue, ce qui est une bonne idée, et rendu en français par le romancier Philippe Besson, lequel signe ici sa première traduction.

Le sujet, donc, c’est le corps des hommes, souffrant, suant dans les salles de sport, ou bien aimé, de façon pulsionnelle, magnifié : "nous étions jeunes nous n’avions que nos corps", écrit McMillan. Mais au-delà, c’est toute une géographie sentimentale qui s’établit, avec les relations compliquées entre les êtres, gais ou non, et même une évocation, par petites touches, de Manchester et de ses alentours. Non sans humour et un sens de l’autodérision si british. Jean-Claude Perrier