Anne Verneuil : "Changer de posture"

"Nous sommes passés d’une organisation, dans laquelle la bibliothèque proposait des activités à des usagers passifs, à une offre construite avec ces derniers."Anne Verneuil - Photo Olivier Dion

Anne Verneuil : "Changer de posture"

Pour la présidente de l’ABF, les bibliothécaires doivent prendre la mesure de la transformation des usagers en quasi-clients, avec lesquels ils doivent "co-construire" une offre.

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Par Véronique Heurtematte
avec Créé le 08.06.2015 à 15h32

Nous avons choisi de traiter les tensions, non pour nous lamenter mais de manière positive, pour voir comment les surmonter. Les situations de crise constituent des mises en danger mais également des opportunités. On ne pourra pas freiner le changement. A nous d’évoluer et de nous adapter. Ces évolutions touchent l’ensemble des équipes. C’est pourquoi nous avons fait en sorte que ce congrès ne s’adresse pas seulement aux chefs d’établissement mais à tous les agents quel que soit leur poste.

Les usagers ont des exigences de plus en plus précises et fortes. Ils sont devenus quasiment des clients. Nous sommes passés d’une organisation, dans laquelle la bibliothèque proposait des activités à des usagers passifs, à une offre construite avec ces derniers qui deviennent des acteurs à part entière de ce qui se passe à la bibliothèque. Cela nécessite que nous changions de posture vis-à-vis de notre public. Pour ce qui est des tensions économiques, nous sommes tous confrontés à des baisses de budget et d’effectifs. Or, on nous demande de préserver le même niveau de service, parfois même de faire plus avec moins de moyens. Il est indispensable pour nous de réfléchir aux tâches que l’on effectue, d’établir des priorités, de jongler entre le quantitatif et le qualitatif. Quant aux tensions internes au métier, elles sont liées au fait que nous sommes amenés à accomplir des missions de plus en plus diversifiées pour lesquelles nous n’avons pas été formés au départ. Ce thème rejoint celui du congrès de l’année dernière sur les nouveaux profils.

Les bibliothécaires ont été en effet très choqués. En tant que professionnels de l’information, nous nous sentons concernés par ce qui touche à la liberté d’expression. Nous nous sommes également sentis particulièrement concernés parce que nous œuvrons depuis de nombreuses années à l’éducation des citoyens, à la promotion du vivre-ensemble. Les attentats ont remis en lumière des interrogations anciennes : nos actions sont-elles efficaces ? Travaillons-nous suffisamment avec les autres partenaires ? Après les attentats, le ministère de la Culture et de la Communication et celui de l’Education nationale nous ont sollicités pour participer à des groupes de réflexion sur la citoyenneté. Cela montre bien que les bibliothèques sont reconnues comme des lieux de citoyenneté. Nous avons été touchés car nous nous sentons, parmi d’autres acteurs, investis d’une mission dans ce domaine. V. H.

08.06 2015

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