Avec pour arrière plan une piste de ski, un sapin sec décoré de quelques guirlandes ou le bleu azur du lac d'Annecy, Annie Ernaux raconte : "Derrière l'image de la jeune mère lisse je ne peux m'empêcher de me souvenir qu'il y a une femme taraudée secrètement par la nécessité d'écrire".
Quittant son mode narratif favori, l'écriture, l'auteure revient sur fond d'archives personnelles sur le quotidien d'une famille des années 70. Les années Super-8 d'Annie Ernaux et son fils, David Ernaux Briot, sont à regarder sur Arte TV du 7 août au 2 novembre, en direct sur la chaîne d'Arte le 14 septembre et en salle à partir du 16 décembre.
Une famille "type" des années 70
À la fin de l’hiver 1972, Annie Ernaux et son mari Philippe Ernaux achètent une caméra Super Huit Bell et Howell. Heureux d'être derrière la caméra, le père de famille filme alors la vie de sa femme et de ses deux fils. Voyages, anniversaires, premières brasses... durant dix ans, l'homme réalisera des images du quotidien avec le regard attendri d'un père aimant.
Une rupture et plus d'une dizaine de distinctions littéraires plus tard, Annie Ernaux et son fils reprennent la main sur ces images pour en offrir un nouvelle lecture. Celle d'un véritable témoignage sur les goûts et les aspirations d’une classe sociale de la décennie qui suivit 1968, le récit d' une famille de classe moyenne tiraillée entre les attraits de la société de consommation et des aspirations plus intellectuelles. Le film est aussi l'occasion de retracer quelques années déterminantes pour une femme devenue auteure à 34 ans.
Le documentaire Les années Super-8 dure 61 minutes et a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes. Cette année, Annie Ernaux a publié un roman inédit, Le jeune homme (Gallimard). Elle a été également été consacrée par un cahier de "l'Herne".