"La revue Les Temps modernes
n'était plus ce lieu de rencontre entre le questionnement critique et le public", a expliqué mercredi 22 mai l'éditeur Antoine Gallimard dans
une tribune publiée sur le site du
Monde, justifiant la disparition de la revue fondée après guerre par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
"Si ma décision est (...) prise de ne pas garder la périodicité des Temps modernes
, elle ne l’a pas été aisément. Il n’y a aucun plaisir à éteindre la lumière même vacillante d’un foyer", écrit aussi Antoine Gallimard dans une tribune publiée sur le site du
Monde.
Fondée après la Seconde guerre mondiale par
Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, dirigée jusqu'à sa mort en juillet 2018 par
Claude Lanzmann, la revue avait pour ambition
"d'apporter une intelligence globale du monde". Elle a abrité des signatures prestigieuses:
Raymond Aron, Michel Leiris, Maurice Merleau-Ponty ou encore
Jean Paulhan. L'écrivain afro-américain
Richard Wright, l'Italien
Alberto Moravia, les Américain
William Faulkner et
James Agee,
Boris Vian, Raymond Queneau, Jean Genet ont collaboré à la revue dont le dernier numéro (le n°700) a paru en décembre.
Claude Lanzmann, "âme et charpente de la revue"
Depuis la disparition de Claude Lanzmann, "âme et charpente de la revue", celle-ci n’était plus incarnée, estime Antoine Gallimard. "Parfois, malgré tous les efforts, un constat s’impose: telle voix ne porte plus, tel instrument a perdu son timbre. C’est ainsi que les collections s’arrêtent. C’est ainsi que les revues s’éteignent", a ajouté l'éditeur en mettant en avant "le recul des ventes et des abonnements".
"On peut le regretter, bien sûr. Mais ce constat appartient à mon quotidien d’éditeur. Je me fais dès lors une obligation de chercher ces formes et ces circuits nouveaux où les attentes des lecteurs se tiennent", a-t-il plaidé.
Selon les membres du comité de rédaction de la revue, la maison Gallimard "envisage une formule plus légère: une collection de trois volumes thématiques annuels, dont les contours restent à préciser".