Roman/Etats-Unis 22 août Tommy Orange

« Nous sommes le résultat de ce qu'ils ont fait de nos ancêtres. De leur survie. Nous sommes l'ensemble des souvenirs que nous avons oubliés, qui vivent en nous. » D'origine cheyenne, le primo-romancier Tommy Orange est le fruit d'une histoire aussi houleuse que douloureuse. Dès l'enfance, à Oakland, il est confronté à « sa différence ». Comment trouver sa place quand on est stigmatisé avant même d'être né ? Le jeune homme s'oriente d'abord vers des études d'arts sonores. Mais c'est en travaillant dans une librairie d'occasion qu'il découvre sa vocation. Direction l'Institute of American Indian Studies, où il est repéré par ses enseignants, les romanciers Joseph Boyden ou Sherman Alexie.

Il souhaite trouver les mots qui ont fait défaut à tant de ses concitoyens rejetés. Bon nombre d'Amérindiens ont été parqués dans des réserves, d'autres sont enfermés dans « des réserves mentales ». Tommy Orange en explore les dédales à travers une galerie de douze personnages, révélant les séismes des massacres d'antan. Après un récapitulatif sarcastique de ces événements, il décrit le quotidien d'« Indiens urbains ». Tony a été élevé par sa grand-mère car sa mère est en prison. La famille manque aussi de stabilité chez Opale Viola et sa sœur Jacquie. Elles ont beau ruser avec la cruauté de l'existence, celle-ci semble mener la danse. Quel est le lien entre eux et le vieux vétéran du Vietnam, Bill, qui ramasse des détritus ? Adoptée par des Blancs, Bleu boucle-t-elle la boucle en épousant un Indien ?

Leurs identités affirmées ou mitigées peuvent engendrer des tragédies. L'alcool, la drogue et la violence servent tantôt de défouloir, tantôt d'échappatoire. James Baldwin affirmait : « Les gens sont emmurés dans l'Histoire, et l'Histoire est emmurée en nous. » La succession des confessions trouve son apothéose dans un pow-wow festif. Mais la haine de l'Autre s'est insinuée partout... Encensé, Tommy Orange a obtenu le prix Pen/Hemingway, et son livre a été sacré meilleur roman de l'année par la presse américaine. « Etre Indien en Amérique n'a jamais consisté à retrouver notre terre. Notre terre est partout et nulle part. » Y compris dans la littérature qui fait émerger cette nouvelle voix.

Tommy Orange
Ici n’est plus ici - Traduit de l’américain par Stéphane Roques
Albin Michel
Tirage: 15 000 ex.
Prix: 21,90 euros ; 352 p.
ISBN: 9782226402905

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