Controverse
Depuis la parution de l'ouvrage, Gabriel Anctil accuse les éditions du Boréal et Jean-Christophe Cloutier, universitaire chargé de la préface, de "révisionnisme historique" en leur reprochant de minimiser son implication dans la découverte des écrits en français de Kerouac.
Dans une première lettre diffusée samedi 9 avril par le quotidien Le Devoir, Gabriel Anctil écrit : "mon implication des dix dernières années est résumée comme "ayant publicisé l'existence des écrits en français de Kerouac"- pour reprendre les mots exacts de Cloutier, comme si j'étais un vulgaire vendeur de saucisses". A Livres Hebdo, le romancier explique : "L'histoire des manuscrits tels que Cloutier la présente est fausse et ma part diminuée. Sans tous mes efforts, ces textes-là ne seraient toujours pas publiés".
"C'est le syndrome de quelqu'un d'intense, et qui a tellement travaillé sur l'œuvre de Kerouac, qu'il se l'est appropriée, explique Pascal Assathiany, directeur général des éditions du Boréal, à Livres Hebdo. Je trouve ça dommage de ne pas être venu nous voir, et d'être agressif de façon publique sans tout connaître de notre travail éditorial", ajoute-t-il, rappelant que la publication de ces textes, découverts il y a près de 25 ans, avait plusieurs fois été refusés par John Sampas, beau-frère et héritier du patrimoine littéraire de Jack Kerouac.
Depuis la lettre de Gabriel Anctil, les articles, prises de paroles et autres post-fleuves sur Facebook, agitent le milieu littéraire et universitaire québécois. "Ce sont des textes essentiels et infiniment précieux pour les communautés francophones d'Amérique", estime Gabriel Anctil. "Cela a toujours été mon désir de les voir publier".
Le livre est constitué d’une nouvelle, Sur le chemin, et du début d’un roman, La nuit est ma femme. Des extraits de Maggie Cassidy, de Satori à Paris, et de Sur la route, tous trois d’abord commencés en français, complétent le tout. Ces manuscrits ont été conservés par John Sampas, beau-frère de Kerouac et gardien de son patrimoine littéraire, qui a pris plusieurs années avant de confier leur droits, les ayant refusé, entre autres, en 2007 à Gabriel Anctil. "Je n'aimais pas son approche, son attitude m'a déplu", a-t-il expliqué à La Presse. "Tout le monde veut une pièce de Kerouac", a-t-il également affirmé.
L'ouvrage a été tiré à 6000 exemplaires, et n'est disponible qu'au Québec. "Nous n'avons pas encore les droits pour une diffusion commerciale en France, ni même hors du Québec", explique Pascal Assathiany, ajoutant que sa maison d'édition allait insister auprès des ayants-droits. Un seul point de vente est donc pour l'instant en mesure de distribuer La vie est d'hommage en France : la librairie du Québec, à Paris.
Le français était la langue maternelle de Jack Kerouac, originaire de la communauté franco-américaine de Lowell, au Massachusetts, mais aucun de ses textes écrits en français n’avaient encore été publiés à ce jour.
“Je suis Canadien français, mis au monde à New England, écrit Kerouac dans La nuit est ma femme. Quand j’fâché j’sacre souvent en français. Quand j’rêve j’rêve souvent en français. Quand je braille j’braille toujours en français.”