Pogrom (Flammarion) avait provoqué un certain émoi dans la communauté médiatico-littéraire. Le roman d’Eric Bénier-Burckel, paru il y a deux ans, s’était attiré les foudres de deux éditeurs du Seuil, qualifiant le livre de « vomissement antisémite » dans une tribune du 12 février 2005 du Monde. L’auteur avait comparu le 12 octobre 2006 pour « provocation à la haine raciale et religieuse, injure publique à caractère racial, atteinte à la dignité humaine et message pornographique susceptible d’être vu par des mineurs. » La Ligue des droits de l’Homme avait pourtant dénoncé le 2 octobre dernier le caractère burlesque de l’affaire. D’ailleurs aucune association antiraciste ne s’était porté partie civile.

La présidente de la 17^e chambre du tribunal, Anne-Marie Sauteraud a finalement relaxé l’auteur le 16 novembre dernier, jugeant que « l’intention exclusivement littéraire fait obstacle à l’élément morale des infractions. »

Un peu d’abîme à L’Esprit

Très tôt, Eric Naulleau, fondateur de L’Esprit des péninsules et auteur de Au secours, Houellebcq revient! , avait pris la défense de Bénier-Bürckel. Ce dernier publiera son quatrième roman, Un peu d’abîme sur vos lèvres, chez cet éditeur ; une sortie volontairement modeste le 18 janvier 2007 à 3 000 exemplaires (dont 1 500 mis en place) diffusés par Harmonia Mundi,

Ce livre, aux accents céliniens, expie la rage de l’auteur concernant l’affaire Pogrom. Eric Naulleau, dans un entretien téléphonique, voudrait « qu’on juge le texte pour lui-même. » « J’aimerai bien qu’on lise enfin cet auteur, qu’on le prenne tel qu’il est. »

Flammarion n’a pas été intéressé par ce texte 'coup de poing', mais espère publier le prochain. Naulleau surenchérit : « S’il peut me confier les autres… »