Jugement

Il est possible de puiser abondamment dans l’œuvre d’un historien, à condition de démontrer qu’il s’est lui-même nourri du travail de confrères précédents : c’est le sens du jugement rendu le 5 avril par le TGI de Paris (disponible sur Livreshebdo.fr). Dans une affaire de plagiat, c’est aussi la première décision argumentée à l’aide des livres anciens numérisés par Google.

Eric Andrieu, avocat de Patrick de Carolis, ex-président de France Télévisions, accusé d’avoir recopié Pierre Grimal dans son roman historique La dame du Palatin, a en effet pu produire plusieurs dizaines d’extraits d’ouvrages publiés bien avant ceux du célèbre latiniste, et aujourd’hui quasi introuvables ailleurs que dans Google Livres. Ils évoquent, dans les mêmes termes que l’historien, des descriptions, des faits, ou leur interprétation, également repris par le romancier. S’il est avéré que Patrick de Carolis « et son documentariste ont lu attentivement l’historien », il n’est jamais soutenu que le romancier aurait lu tous les titres cités : « ils servent essentiellement à montrer que […] les faits historiques revendiqués et l’interprétation qu’il convient de leur donner n’émanent pas de Pierre Grimal mais d’auteurs ou d’historiens qui lui sont antérieurs », expose le jugement, assorti de 9 000 euros à verser à l’auteur et son éditeur, Plon-Perrin. Dany Cohen, avocat de la veuve de Pierre Grimal et des éditions de Fallois, où l’historien a été publié, souhaite faire appel mais reconnaît que ses clients n’ont pas pris de décision. H. H.

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