6 janvier > Roman France

Camille Gralis, le narrateur, est le fils aîné d’un armateur et négociant bordelais des Chartrons. Veuf et sans enfants, son père disparu, c’est lui qui dirige l’entreprise familiale, sous la férule de sa mère Isabelle, une maîtresse femme qui exige de chacun une soumission absolue. Elle a deux autres fils : Bertrand, "inverti", qui ne s’implique guère dans l’affaire et finira par fuir et s’installer au Québec ; et Pierre, son préféré, adjoint de Camille, mais dont elle rêve qu’il devienne le patron.

Un séisme va venir bousculer ce contexte en apparence serein - si ce n’est qu’un navire de l’armement Gralis, L’Apollon, semble être porté disparu : Jeanne de Coussa, l’amour de jeunesse de Camille, vient d’être retrouvée morte au pied des tours du château où elle coulait des jours sinistres. Il apparaît qu’elle s’est suicidée. Or, sous l’Ancien Régime, le suicide était un crime, entraînant le refus par l’Eglise d’une sépulture et d’un enterrement chrétiens, et, ipso facto, la damnation. Alors qu’elle croyait être tranquille pour l’éternité, la jeune femme est l’objet d’un acharnement judiciaire impitoyable. La justice du roi intente à son cadavre un procès posthume, et Camille est désigné pour la représenter. Sa mère est furieuse, mais il accepte de défendre Jeanne pour la sauver de l’abomination qui la guette : pendaison et supplices, puis damnatio memoriæ, traitement réservé par la Rome antique aux pires criminels. Ce que le juge avait présenté comme une formalité tourne à l’horreur. Au procès, on oblige Camille à devenir Jeanne, il doit parler en son nom, se défendre, si bien qu’il finit par entendre des voix, dialoguer avec elle, se travestir et s’accuser. La dépouille de Jeanne subira les derniers outrages avant de reposer en paix, mais loin de chez elle et grâce au retour de L’Apollon. Toute cette histoire aura fait voler en éclats la famille Gralis, et révélé la félonie de la mère.

Porté par une tension dramatique de chaque instant, La promesse est un roman audacieux, le seizième chez Robert Laffont de Jean-Guy Soumy, écrivain aussi discret qu’impeccable. J.-C. P.

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