De Victor Jestin, on ne sait pas grand-chose, si ce n'est qu'il a 25 ans, et qu'il est nantais. De son héros et narrateur, Léonard, guère plus. Il a 17 ans, il vit à Lorient avec ses parents, son frère et sa sœur. Une famille française banale, qui a choisi cette année-là de passer ses vacances dans un camping des Landes, près de Dax. Deux semaines de canicule et d'enfer pour l'adolescent, qui ne se reconnaît pas dans cet univers. Il déteste la vulgarité des animateurs, des clients, de l'environnement, sur qui il porte un regard acéré, impitoyable.

A la suite d'une soirée arrosée, son copain Oscar, complètement ivre, se pend avec les cordes d'une balançoire, sous les yeux de Léonard qui ne fait rien pour lui porter secours. Complètement en panique, il ne trouve rien de mieux que de traîner le corps jusqu'à la plage, de l'ensabler, par deux fois (à cause de son portable oublié, qui sonnait dans la poche du mort), en priant pour que personne ne le découvre, ne le confonde. Et il va devoir vivre, durant les derniers jours des vacances, avec son terrible secret, qu'il manque confier à sa mère, mais, finalement, retient. Jusqu'à quand ? Même son « histoire d'amour » avec Luce, qui le dépucèle, ne sera qu'un sursis.

Victor Jestin excelle à rendre l'atmosphère poisseuse du camping, le profond mal-être de son personnage tourmenté, la pauvre comédie sociale alentour avec ses inévitables conflits. C'est bref, sans pitié, très réussi, parfaitement maîtrisé. Un livre d'écrivain.