La justice chilienne a ordonné, mardi 20 février, la réouverture de l’enquête sur la mort « mystérieuse » du poète et prix Nobel de littérature, Pablo Neruda. Selon l’arrêt prononcé par la Cour d’appel de Santiago, celui-ci aurait pu être empoisonné, en 1973, par le régime dictatorial du général Augusto Pinochet.
« La réouverture de l'enquête est ordonnée afin de mener à bien les procédures » qui « pourraient contribuer à l'éclaircissement des faits », a détaillé l’institution judiciaire. Les investigations ont repris sur la demande des proches du poète, dont le Parti communiste, auquel était affilié le poète.
L'arrêt de la Cour d'appel annule ainsi l'ordonnance de clôture de l'enquête sur les causes de sa mort, prise en décembre par la juge chargée de l'affaire, Paola Plaza. Alors que la version officielle de la mort de l’écrivain mentionnait un cancer de la prostate, l'hypothèse d'un assassinat est apparue en 2011, après les révélations du jeune militant chilien et assistant-chauffeur de l’écrivain, Manuel Araya, décédé en juin dernier.
Une mort douteuse
Selon cette théorie, Pablo Neruda aurait succombé à une injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il envisageait de s'exiler pour mener l'opposition au régime Pinochet (1973-1990). En 2015, l’idée d’un empoisonnement alimentaire prend la relève. Deux ans plus tard, des experts internationaux rejettent à l'unanimité la version officielle du régime militaire, mais échouent à confirmer ou à exclure la possibilité d'une contamination volontaire et délibérée par l'injection de germes ou de toxines bactériennes.
Parmi les nouvelles mesures ordonnées mardi par la justice figure une « méta-expertise pour revoir et interpréter les résultats des experts » qui avaient analysé les restes prélevés sur le corps exhumé du poète. Remises en février 2023, les conclusions des spécialistes n’avaient pu confirmer ou infirmé la mort par empoisonnement du poète chilien.
Parmi les autres mesures ordonnées par la Cour d'appel de Santiago figure « une nouvelle analyse de l'écriture du certificat de décès qui aurait été délivré par le docteur Vargas Salazar », qui affirme que Neruda est mort des suites du cancer de la prostate dont il souffrait. De nouveaux témoins et un expert dans l'étude de la bactérie « clostridium botulinum », qui aurait été inoculée au poète, sont en outre cités à comparaître.