Oh, les beaux jours ! C'est un grand et beau chalet posé majestueusement sur la montagne dans les Alpes suisses. C'est un home d'enfants, autrement dit un foyer pour gosses de riches qui n'entendent pas s'encombrer plus que nécessaire de leur progéniture. Ce pourrait être un peu triste (ça l'est), mais c'est tout de même très joyeux. Karl et Anne-Marie, les responsables du home, adorés par leurs pensionnaires qui les tiennent pour des parents de substitution, y veillent. Alors, entre jeux, ski, soirées théâtrales, tartes aux pommes et chocolat chaud, tout évoque le vert paradis de l'enfance. Vraiment ?

C'est là en tout cas que Colombe Schneck a passé toutes ses vacances entre 6 et 20 ans. Entre deux livres douloureux, son idée première eut été d'écrire sur ce bonheur enfui, sur sa poursuite. Las, la vérité va l'obliger à fouailler encore des plaies restées secrètes ou qu'elle n'avait su ou voulu comprendre. Anne-Marie n'est plus, Karl non plus. Restent leurs deux enfants, un garçon, Patou et une fille, Vava, aux côtés desquels la romancière a l'impression d'avoir été élevée. Pourtant, aujourd'hui Patou est en prison pour escroquerie et Vava vit recluse dans son appartement, en proie à un grave délire paranoïaque. Que s'est-il passé ? Qu'en est-il de ces souvenirs si précieux, mais désormais corrodés par l'ombre du mensonge ? C'est pour répondre à pas incertains à ces questions que Colombe Schneck a écrit Mensonges au paradis. Elle y laisse libre cours à l'élégance douce-amère perlée de mélancolie de ses plus beaux livres, Val de Grâce (Stock, 2008) ou La réparation (Grasset, 2012).