17 septembre > récit Suède

En décembre 2013, Henning Mankell doit se rendre dans différentes librairies de Kungsbacka et de Göteborg afin d’y dédicacer son dernier roman, à un moment où il planche sur une adaptation théâtrale d’Hamlet. Le voici en route, au volant de son automobile. Alors qu’il déboîte pour doubler un poids lourd, sa voiture se déporte vers la glissière centrale à cause d’une possible tache d’huile qui occasionne un choc frontal.

L’écrivain, qui s’achemine vers ses 70 ans, va ensuite ressentir des douleurs à la nuque, une raideur généralisée. Puis découvrir qu’il est atteint d’un cancer et qu’il va devoir subir une chimiothérapie. Sable mouvant : fragments de ma vie est, de l’aveu de Mankell, un livre sur "ce qui a été et ce qui est". L’auteur de L’homme inquiet (Seuil, 2010) y consigne ses réflexions alors qu’il n’ose plus envisager l’avenir.

Il revient vers l’enfance : l’année de ses 9 ans, un matin d’hiver dans la petite ville de Sveg, dans le nord de la Suède, où il a grandi à l’ère du carton et non du plastique. "Je suis moi et personne d’autre", réalise-t-il alors qu’il se rend seul à l’école puisque son camarade Bosse est malade. Une époque où il avait peur d’être pris dans la glace ou le sable mouvant.

"La vie est l’art de la survie. Au fond, elle n’est rien d’autre que ça", note-t-il, ajoutant : "Vivre, c’est pouvoir dire oui ou non. Etre mort, c’est être enveloppé de silence." Notre homme rédige son testament. Il se souvient de sa dernière cigarette quelques jours avant d’apprendre qu’il souffrait d’une jaunisse probablement contractée dans un restaurant du Mozambique où il avait mangé des fruits mal lavés.

Le lecteur l’accompagne quand il écoute un oiseau invisible chanter dans le jardin, qu’il se rend compte qu’il a besoin de nouvelles étagères pour les piles de livres qui s’amoncellent, qu’il repense à une illustration de L’île mystérieuse de Jules Verne. Ne pas rater une visite à Paris, au Louvre et au Père-Lachaise. Paris où il avait séjourné, adolescent, au milieu des années 1960. Lorsqu’il songeait déjà à écrire, qu’il fréquentait les clubs de jazz et "l’université de la vie". On aura du mal à ne pas être touché par la simplicité et la force de ces chapitres. Par la pertinence et l’évidence d’un Henning Mankell qui rappelle l’importance des choix, la nécessité de ne pas dériver sans résistance dans le sens du courant. Al. F.

 

Les dernières
actualités