En matière de bâtiment écologique, il y a des ratés. Comme la Bibliothèque François-Mitterrand (Paris XIIIe) et ses salles de lecture en sous-sol consommant de l’éclairage tandis que les archives sont placées dans des tours vitrées, par la suite occultées pour protéger les documents des nocifs rayons ultra-violets.
Quelles erreurs ne pas commettre dans sa bibliothèque ? Le congrès 2024 de l’Association des bibliothécaires à la direction de services communs de la documentation a été l’occasion de présenter des projets exemplaires.
1- Investir dans un système de chauffage « écolocal »
Le premier levier pour moduler l’empreinte environnementale : le système de chauffage, premier consommateur d’énergie. À chaque bibliothèque sa ressources locale. Paris peut ainsi éviter de payer une facture trop lourde en profitant des sources d’eau chaude dans son sol… Le campus de la Bouloie de l'université de Franche-Comté se chauffe lui en bois situé jusqu’à un rayon de 40 kilomètres. L'ingénieur Bruno Peuportier a lui pointé des vitres capables de diffuser la lumière (évitant des zones éblouies et d’autres trop sombres), comme à la bibliothèque centrale d’Oslo.
2- Des matériaux écolo
Pour la future bibliothèque universitaire de sciences humaines et sociales du Pont de Bois (Université de Lille), la moquette sera issue de filets de pêche et l’aluminium des façades d'ex-canettes et plaques d’immatriculation.
Mais attention aux petits gestes de façade avertit Frédéric Desgranges, directeur adjoint à la Bibliothèque universitaire d’Angers : « Il ne faut pas se faire avoir par le côté "whaou" du mobilier, mais privilégier un bon système de plomberie et d’électricité ! ». De la même manière, « nous limitons au maximum le high-tech, pour faciliter la maintenance », témoigne-t-il.
3- Le jardin
Le Learning Center de l’Université de Haute-Alsace s’inscrit dans un parc avec potagers, ruches, prairie et moutons… Un lieu bon pour la planète comme le mental, poétise Lénaïk le Duigou, directrice du service commun : « Il y a un vrai genius loci. Les courbes du bâtiment rappellent des formes naturelles, l’ouverture spatiale invite à l’ouverture mentale, les perspectives invitent à l’exploration. Le lieu est un objet d’art ».
Pour atteindre cet effet systémique, « il faut être propriétaire des lieux, pour avoir par exemple la main sur les routes et les parkings (qu’il faut limiter), ou la construction de 620 logements juste à côté de la bibliothèque », insiste Stéphane Amiard, VP patrimoine de l’Université d’Angers.
4- « Occuper mieux »
Une fois que l’on a un bâtiment sobre en énergie, reste à amortir tous ces efforts en s’assurant qu’il soit bien fréquenté. « Un tiers de l’année, la bibliothèque est quasiment déserte. Or, quelle que soit l’affluence, le bâtiment est ouvert, chauffé, ventilé, éclairé et staffé ! Pour que la bibliothèque soit encore plus habitée, que l’espace soit encore mieux occupé, nous devons jouer un rôle de hub, faire cohabiter des usages », reprend Frédéric Desgranges. Intégrer un musée, par exemple.
5- Des achats responsables
Enfin, ces journées d'études de l'ADBU ont été l’occasion de mettre en avant un guide rédigé par le ministère de l’Economie pour intégrer la clause de l’achat responsable dans un marché public, obligeant les fournisseurs de documents à s’inscrire dans l’économie circulaire. Ce que font par nature les bibliothèques, en prêtant des documents et des espaces de travail.