Jusqu'à présent épargné par la crise, le livre vit de sombres heures en Espagne. Selon les chiffres de la production éditoriale de 2011, publiés le 27 mars par l'Institut national de statistiques (INE) espagnol, le tirage moyen d'un ouvrage atteint difficilement les 1 345 exemplaires, soit 22,4 % de moins qu'en 2010, et le nombre d'exemplaires publiés chute de 24,4 % entre 2010 et 2011, passant à 100 millions. Le nombre de nouveautés baisse quant à lui de 2,4 %. Sur les 74 244 nouveaux titres de 2011, 37 % sont tirés entre 900 et 1 999 exemplaires, et seulement 1,9 % d'entre eux dépassent les 5 000 exemplaires. Des chiffres à prendre toutefois avec précaution et qu'il faudra comparer avec l'étude annuelle diffusée par la Fédération des éditeurs d'Espagne (FGEE) courant juin, dont les données sont différentes de celles de l'INE. Prudent avec les informations données par ce dernier, Antonio María Avila, directeur de la FGEE, reconnaît que "la tendance est globalement à la baisse".

Une baisse due au ralentissement de la consommation en Espagne, renforcée par l'absence de phénomènes éditoriaux comme Twilight et Millénium. Interrogés par le journal El País, les éditeurs avancent une autre hypothèse : une réduction liée à l'évolution des pratiques numériques. Une étude du ministère de la Culture espagnol sur le livre numérique (1), publiée fin mars, montre que pour la première fois le nombre de titres enregistrés au format papier passe de 96 238 à 82 495, soit une baisse de près de 15 %, tandis que la production d'ebooks explose. Selon l'agence espagnole de l'ISBN, les livres numériques représentent 18 % des livres déclarés en Espagne (contre 11,3 % en 2010), et 20 119 titres ont été enregistrés en 2011, soit 55 % de plus qu'en 2010. Ces données sont le "reflet d'un intérêt croissant du secteur éditorial à offrir aux lecteurs des titres au format numérique" et paraissent confirmer la tendance à publier moins de titres papier.

(1) Situacion actual y perspectivas del libro digital en Espana