14 août > Roman France

Dans la famille Hintel, les hommes sont de drôles de zèbres. Joseph, le dernier, est un adolescent surdoué et hacker qui signe Che66 et commet quelques forfaits qui lui vaudront descente de police, mise en examen et notoriété médiatique. Serait-il, de surcroît, gay ? Toujours est-il que ses talents de fouineur lui seront fort utiles lorsque, en compagnie de son oncle Simon, plaqué par sa jeune maîtresse Marie après une calamiteuse présentation « officielle » aux parents, il se lancera sur les traces de Jeanne, le grand amour de son père, David. Propriétaire d’un magasin d’ordinateurs, celui-ci s’est suicidé le 4 septembre 2001. Jusqu’à présent, personne ne connaissait la raison de cet acte désespéré. Maintenant, Joseph et Simon la découvrent. Jeanne a péri dans un accident de voiture à l’âge de 24 ans, et David ne s’en est jamais consolé. Il faut dire qu’il était déjà fragile psychologiquement : son propre père, Jacob, marié à Françoise, avait décidé un jour, en 1976, de tout plaquer, famille comprise, de s’enfuir et de changer de vie. Il a fini agent d’entretien dans un collège de province, ne s’est jamais occupé de son fils, et en conçoit aujourd’hui quelques remords. Il ignore que David n’est plus de ce monde. Jeanne, elle, a laissé un journal émouvant, retrouvé après sa mort, où elle raconte sa brève histoire d’amour…

Cette saga, si particulière, des Hintel est contée de façon éclatée, arborescente presque, en brefs chapitres centrés sur un personnage, l’un après l’autre et dans le désordre chronologique. Le récit, en revanche, est minutieusement scandé par des détails notés avec une maniaquerie (les dates et les heures, par exemple) qui accentue le côté décalé de l’entreprise. Après une fin en queue de poisson sur un « tout est encore possible », Arnaud Dudek a rédigé un petit envoi sympathique, où il raconte son bonheur lors de la publication de son premier roman, Rester sage (paru chez Alma en 2012), que l’on avait bien aimé. Avec humour et modestie, ses vrais Fuyants lui permettent de franchir le cap redouté du deuxième roman. Quant à la suite, puisque Arnaud Dudek nous dit qu’il « adore les surprises », qu’il n’hésite pas à se surprendre lui-même en écrivant un troisième roman encore plus farfelu que celui-ci.

Jean-Claude Perrier

11.10 2013

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