“ […] Je suis venu aussi rappeler que la création elle-même est fragile. Les auteurs étaient inquiets sur le contrat numérique, nous les avons entendus et avons réussi ensemble, avec le CPE, à actualiser le contrat d’édition et à l’adapter aux nouveaux développements numériques. Dans ce temps de mutation, il faut continuer à investir dans ce qui fait la réussite de la chaîne du livre : la prise de risque éditoriale. C’est elle qui construira les best-sellers de demain.
Beaucoup de petites maisons d’édition sont à la peine. Le SNE en compte un grand nombre parmi ses 670 adhérents, certaines connaissent de graves difficultés, d’autres disparaissent. Plus de 60 maisons sont aujourd’hui à vendre. La rentabilité moyenne de l’édition est de 2 à 3 %, certes supérieure, mais pas significativement différente de la rentabilité moyenne de la librairie. Dans les périodes de crise, plus qu’en tout autre temps, notre avenir nous appartient. Il n’y a aucune fatalité.
Premièrement, n’oublions pas le lecteur, le consommateur, c’est lui qui a toujours le dernier mot. Donnons-nous les moyens de répondre à ses attentes : services de proximité, conseil, information, livraison rapide.
Nous avons en effet l’obligation de nous former et de nous transformer. Pourquoi ne pas créer des formations communes éditeurs-libraires sur nos défis communs : comment limiter les retours, réduire les factures de transport, améliorer les délais de livraison, promouvoir des offres numériques adaptées à chaque clientèle…
Il n’y a pas de fatalité, je le redis, nos métiers ne sont pas voués à disparaître. Notre métier est d’offrir du rêve et des services. En cette période de croisée des chemins, rien de sérieux ne se fera sans une confiance réciproque. Il nous semble que les engagements volontaires vont bien plus loin que les solutions imposées.
C’est pourquoi aujourd’hui, nous, éditeurs, réaffirmons notre volonté d’aider la librairie, en priorité les librairies qui redoublent de créativité pour développer leur activité. Je suis heureux, au nom du SNE, d’annoncer un effort sans précédent, un effort exceptionnel des éditeurs, qui se sont fixé l’objectif volontaire de financer à hauteur de 7 millions d’euros un fonds complémentaire d’aide à la librairie. Ces contributions volontaires, à verser en 2014, constitueront un fonds pérenne. La gestion en sera confiée à l’Adelc, qui pourra ainsi développer considérablement son aide aux librairies, selon des critères qui sont à affiner avec l’équipe de l’Adelc.
Le marché du livre n’est pas un gâteau qu’on se partage, mais une valeur à créer, à renouveler constamment. La vision statique du chacun pour soi est mortifère. Par ce geste concret et fort, […] nous voulons ainsi créer une dynamique de solidarité.?
(1) Voir aussi notre événement p. 14.